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Procès des attentats de Trèbes et Carcassonne : l’étroite relation entre le délégué du préfet et l’un des accusés

L’ancien délégué du préfet de l’Aude à la politique de la ville de Carcassonne et Limoux a été entendu, en tant que témoin, par la cour d’assises spéciale ce mardi 6 février. Il aurait eu une relation de « proximité » avec l’accusé Reda El Yaakoubi, en février 2019, lui dévoilant des informations judiciaires. Le fonctionnaire s’est péniblement expliqué à la barre. 

Quand il pénètre dans la salle au bois clair des grands procès, ce mardi 6 février, cet ancien délégué du préfet à la ville de Carcassonne et de Limoux a l’air déterminé, marche d’un pas militaire. Il est prêt à livrer ses vérités sur sa relation « étroite » avec Reda El Yaakoubi, l’un des accusés au procès des attentats de Trèbes et Carcassonne. « Cet être duplice que l’on dépeint dans la presse, il n’a pas existé », lâche-t-il d’emblée à la cour. 

Depuis le premier jour d’audience on entend parler du délégué du préfet. Celui qui aurait apporté à Reda El Yaakoubi des informations sur des procédures judiciaires « en échange de calme dans le quartier d’Ozanam », comme le rappelle l’enquêtrice de la sous-direction antiterroriste (la SDAT). Devant la cour, l’ancien fonctionnaire s’explique : « Oui j’ai commis une erreur en divulguant trop d’informations à Reda El Yaakoubi. On est toujours dans un engagement de confiance », se défend-il. 

Est-ce que l’on peut accepter toutes les compromissions pour obtenir la paix sociale ?

Les deux hommes auraient eu un « deal » : sauver le club de football Olympique Ozanam dont Reda El Yaakoubi était le président. « Cela faisait partie de mes missions, j’avais été recruté en août 2018. On devait notamment restructurer l’équipe encadrante et ne plus avoir une présidence dans le trafic de stupéfiants. Je savais qu’il baignait dans ça », ajoute l’ancien fonctionnaire. Après les attentats, Reda El Yaakoubi était placé sur écoute. En 2019, le futur accusé, qui le nie, et deux autres s’en seraient pris à un policier. Alors qu’il est recherché par la police, le chargé de mission lui téléphone et « négocie un délai » avec lui. Les deux amis de Reda El Yaakoubi sont poursuivis pour menaces, pas lui. « Il bénéficiait de certains aménagements favorables », ajoute l’enquêtrice de la SDAT. 

Cette proximité entre les deux hommes intrigue le président de la cour d’assises spéciale, Laurent Raviot : « Vous n’avez pas été prudent », lance-t-il en regardant droit dans les yeux le témoin. Ce dernier se défend : « Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour ma mission. Je travaillais dans un cadre. » Le magistrat l’interroge : « Est-ce que l’on peut accepter toutes les compromissions pour obtenir la paix sociale ? D’un point de vue éthique, je trouve cela problématique. » Mais le témoin campe sur sa position et réitère ses propos. 

En 2020, il a été placé en garde à vue et n’a pas connu de poursuites. À la suite de ces faits, le délégué de la préfecture a dû changer de fonction et travaille aujourd’hui à la Ville de Montpellier. 

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