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Procès des attentats de Trèbes et Carcassonne : « Il n’a jamais imaginé être condamné pour des faits qu’il n’a pas commis », un nouvel acquittement demandé

Mes Victor Font et Edouard Martial ont pris la défense de Reda El Yaakoubi, accusé d’association de malfaiteurs terroriste, mais pour lequel les avocates générales ont requis une peine de 5 ans de prison, en enlevant la qualification terroriste de l’infraction.

« Je crois profondément que cet homme est innocent ». « Son acquittement, c’est un peu le mien ». Ces mots sont ceux de Mes Edouard Martial et Victor Font, qui représentent Reda El Yaakoubi, accusé d’association de malfaiteurs terroriste (AMT), pour avoir employé Radouane Lakdim dans son trafic de stupéfiants alors qu’il avait conscience de sa radicalisation, lui donnant ainsi les moyens de commettre son attentat du 23 mars 2018.

Me Font s’est attaché à démontrer pourquoi Reda El Yaakoubi n’est pas coupable de ce dont on lui reproche. En premier lieu, « l’absence de preuves tangibles, et il est rare que des enquêteurs aient l’honnêteté de le reconnaître ».

Et l’avocat de lister : aucun lien entre les 8 numéros de Radouane Lakdim et la ligne de Reda El Yaakoubi, aucun lien sur les réseaux sociaux, les copines du terroriste ne le connaissent pas. « Il n’y a pas de proximité entre eux. Et il n’avait aucune raison de le prendre dans son trafic, un fou radicalisé qui va les faire remarquer et faire peur aux clients ».

D’où sortent les armes ?

On l’a vu, les armes sont omniprésentes dans le dossier. Elles ont aussi une part importante en ce qui concerne Reda El Yaakoubi. D’abord, parce qu’on lui reproche d’avoir, en janvier 2018, plusieurs semaines avant que Samir Manaa ne le fasse, accompagné Radouane Lakdim acheter un couteau. Il le réfute, expliquant que la plaque d’immatriculation qui l’incrimine a été usurpée.

Ensuite parce que Samir Manaa, coaccusé, a expliqué avoir caché des armes chez son frère Sofiane Manaa, lui aussi accusé, à la demande de Reda El Yaakoubi, « grand du quartier » à qui il n’aurait pas pu dire non. Sauf que : « On a que sa parole, et ça ne suffit pas pour condamner », estime Victor Font, et qu’en plus, « Samir Manaa ment. Il ment sur les dates, il ment sur le fait que Reda va à la mosquée avec Radouane Lakdim, alors qu’il n’y a jamais mis un pied. Il ment parce qu’en le rapprochant de Reda, il l’éloigne de lui », assène Me Font.

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Des caricatures

Dans ce dossier, « on a fait des caricatures, on l’a appelé caïd. Moi cette présentation, elle me choque. Car si on avait identifié la personne qui a fourni l’arme à feu utilisée par Radouane Lakdim, Reda El Yaakoubi ne serait pas là », a déploré Me Font.

Les avocates générales ne croient pas non plus à l’AMT. À l’association de malfaiteurs tout court, oui, parce que Reda EL Yaakoubi est impliqué dans un trafic de stupéfiants. « Mais on n’est pas sur les fours marseillais, on est sur des petits trafics », ajoute Me Font. Et pour cela, Reda El Yaakoubi sera jugé, en novembre prochain, à Carcassonne. « Donc vous acquitterez », ont plaidé ses avocats.

Alexa Dubourg et Aurélie Valente ont requis une peine de 5 ans de prison, avec mandat de dépôt. Une peine qui, si elle était prononcée, impliquerait que Reda El Yaakoubi soit incarcéré dès le verdict annoncé. « Pourtant lui, il me dit qu’il a hâte de rentrer chez lui. C’est la marque d’un innocent il me semble, ne pas imaginer être condamné pour des faits qu’on n’a pas commis ».

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