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« Manipulations sectaires », « corruption de mineurs » : l’affaire visant le président d’une association de scouts cachait une guerre entre traditionalistes catholiques

L’ancien président de l’association Donboscouts des Pyrénées-Orientales devait répondre de « corruption de mineurs » ce mardi 6 février 2024 devant le tribunal correctionnel de Perpignan. Un procès qui a surtout révélé, en toile de fond, un climat hostile au sein de ce groupe pourtant dédié à l’entraide et la charité chrétienne.  

Costard cravate bleu nuit. Épaules droites. L’homme de 51 ans à la barre, affiche une apparence aussi rigoriste que son histoire est emmêlée. Plongée dans les coulisses de l’association catholique Donboscouts de Perpignan, communauté de vocation salésienne dont il était le président. Une affaire sur fond de relations de couples, règlement de comptes, conspirations et guéguerre ultra conservatiste.

« Si c’était à refaire, je n’aurais pas cette relation aussi proche »

Tout débute en mai 2022 par un signalement au procureur expédié par le vice-président de l’association et l’abbé Lefevbre de Perpignan. Ils dénoncent pêle-mêle « des mensonges innombrables, des manipulations, une emprise psychologique sur les enfants et sur certaines familles » de la part du chef de file. Ils affirment qu’il aurait « usé de sa fonction pour s’immiscer dans les relations entre les parents et les enfants, vers des abus spirituels et sexuels ». Autant d’éléments, selon eux, qui constituent « une dérive sectaire ». 

Quelques jours plus tard, un jeune scout de 17 ans se présente justement à la gendarmerie de Cabestany et dépose plainte contre le président. Le mineur explique qu’il avait un souci de santé au niveau du prépuce, qu’il n’osait pas en parler à sa mère et qu’il s’était confié à cet homme dont il était très proche (religieusement parlant). Or, le garçon raconte que « son parrain de confirmation et père de substitution » se serait montré insistant afin qu’il lui montre son sexe ou qu’il lui envoie des photos intimes sous la douche. Il ajoute qu’il aurait tenté de dégrafer son pantalon avant de le conduire chez un médecin sans en informer ses parents. Les SMS enregistrés sur son portable apparaissent pour le moins équivoques. Le mis en cause le reconnaît face à un banc de la partie civile vide : « J’assume pleinement les messages. Mais je réfute les accusations. Ce garçon m’a considéré comme le mâle Alpha. Il s’est beaucoup attaché à moi et moi à lui. Si c’était à refaire, je n’aurais pas cette relation aussi proche. J’ai manqué totalement de prudence et de bon sens. »

« Se remarier, dans SON église, c’est mal »

« Un mélange des genres », sermonne le président, ouvrant aussitôt l’autre psaume obscur de ce dossier. « Certains, dont l’abbé Périchon (ancien aumônier des scouts NDLR) vous qualifient de nazi, antisémite, révisionniste et fermé au point de faire dériver l’association. Vous répondez quoi ? »  Le prévenu crie au complot. « Ils voulaient détruire l’association et me détruire en même temps », se défend-il. « Je me suis marié avec une personne qui a refait sa vie avec moi, j’ai adopté les enfants de mon épouse. Ils ont expliqué à ce jeune que j’avais volé les enfants car ça posait problème à leur géniteur et à l’abbé Lefebvre qui est de courant traditionaliste. Se remarier, dans SON église, c’est mal ».  L’abbé Lefebvre, membre du Cercle Légitimiste Hyacinthe Rigaud, célébrait entre autres la messe en latin de Saint-Louis pour la France, diffusée sur le site internet de Donboscouts. Sauf que l’abbé Périchon, qui officiait à Vernet-les-Bains, « est un prêtre défroqué qui a épousé lui aussi une femme mariée ». Bref, dans cette affaire, résume le président « tout le monde s’accuse d’être plus fondamentaliste que l’autre ». Mais tout cela répond d’une autre justice.

Pour le reste, le procureur requiert six mois de prison avec sursis et le tribunal relaxe l’ancien chef scout, comme l’avait plaidé son avocat Me Thomas Auset. « On se basait sur des témoignages médisants, voire diffamatoires », a-t-il insisté. « Ce jeune homme a contacté mon client un an et demi après les faits et lui a fait comprendre qu’il y avait une instrumentalisation ». Qui manipulait qui ? Qu’importe. On est déjà loin des préceptes de leur saint patron Don Bosco qui avait voué sa vie à guider les jeunes…

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