La Syrie fait son retour au sein de la Ligue arabe après une absence de plus de onze ans. Cette décision a été prise par treize ministres des Affaires étrangères sur les 22 pays membres de l’organisation réunis au Caire. Elle vise notamment à renforcer l’aide humanitaire aux victimes de la guerre civile et du séisme, ainsi qu’à lutter contre le trafic de drogue dans la région. Certains observateurs estiment que le président syrien, Bachar al-Assad, pourrait même assister au sommet annuel des chefs d’Etat de l’organisation qui aura lieu le 19 mai en Arabie Saoudite.
Toutefois, cette décision n’est pas du goût de tous les Syriens, en particulier ceux qui vivent dans la province d’Idlib, tenue par les rebelles. Ils accusent les pays arabes d’avoir « blanchi » le régime de Bachar al-Assad et de les avoir abandonnés aux mains de ce dernier. Pour eux, la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe ne signifie rien, car ils sont toujours déplacés et forcés de quitter leurs villes.
Des Syriens déplacés comme Abdul Salam Yousef se sont insurgés contre cette décision en déclarant : « Cela a été une mauvaise nouvelle pour nous, les Syriens vivant dans des camps dans le nord. Au lieu que les dirigeants arabes nous aident et nous fassent sortir de ces camps où nous souffrons et vivons dans la douleur, ils ont blanchi les mains des criminels et des tueurs de notre sang. »
Quant à Rashad al-Deek, commerçant à Idlib, il se montre également critique en affirmant : « Nous n’avons pas profité du fait que le régime n’était pas dans la Ligue arabe, alors que se passera-t-il s’il en fait partie ? Cela ne signifie rien pour nous parce que nous avons été déplacés et forcés de quitter nos villes. C’est pourquoi ils l’ont repris. Ils sont tous inutiles. »
Il convient de rappeler que plusieurs pays arabes avaient soutenu les rebelles au début de la guerre, qui est devenue depuis un terrain d’affrontement entre forces étrangères. Le conflit a déjà causé la mort d’au moins un demi-million de personnes.
En tout cas, cette réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe a pour objectif de normaliser les relations entre la Syrie et les autres pays arabes, en particulier les riches monarchies du Golfe. Ces dernières pourront ainsi financer la coûteuse reconstruction du pays aux infrastructures ravagées par les conflits. La question qui se pose est de savoir si cette normalisation sera bénéfique pour tous les Syriens ou seulement pour le régime de Bachar al-Assad. Seul l’avenir nous le dira.
