Économie

Zones oasiennes / Arganier : Interview avec la Directrice Générale de l’ANDZOA

Propos recueillis par Kawtar CHAAT.

La Directrice Générale de l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA), Latifa Yaakoubi, a livré une interview à la MAP, en marge du 16ème Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM), sur l’analyse des écosystèmes marocains de l’arganier et des zones oasiennes, ainsi que l’engagement de l’Agence pour promouvoir un développement intégré, inclusif et durable dans ces deux biosphères. En voici la teneur :

– Quelles sont les missions de l’ANDZOA et comment atteint-elle ses objectifs ?

L’ANDZOA s’est engagée à promouvoir un développement intégré, inclusif et durable dans deux biosphères clés du Maroc : celle de l’arganier et celle des oasis. Ces écosystèmes fragiles ont été identifiés comme nécessitant une attention particulière, surtout à l’heure actuelle où la préservation et le développement vont de pair.

Pour atteindre ces objectifs, l’ANDZOA mène un travail concerté avec l’ensemble des acteurs impliqués. Ce travail repose sur une analyse approfondie du terrain afin de bien comprendre les problématiques et les enjeux spécifiques à chaque zone. Il s’agit également de prioriser les interventions pour maximiser l’impact des actions menées.

En tant que fédérateur, l’ANDZOA concentre et canalise l’attention sur ces zones, favorisant ainsi la collaboration entre les différents ministères et acteurs. Cette approche collaborative vise à améliorer les indicateurs de développement dans ces régions et à relever les défis liés aux dérèglements climatiques et aux effets du changement climatique.

L’Agence joue donc un rôle crucial dans la coordination des efforts pour répondre aux besoins de ces territoires tout en faisant face aux enjeux mondiaux actuels. En mobilisant les ressources et les expertises de manière concertée, elle contribue à assurer un avenir durable pour les biosphères de l’arganier et des oasis, tout en relevant les défis climatiques à l’échelle locale et planétaire.

– Quels défis les zones oasiennes et la culture de l’arganier au Maroc rencontrent-elles, et comment l’ANDZOA y répond ?

Les zones fragiles que nous abordons aujourd’hui sont confrontées à des défis essentiels à la fois en matière de développement et de préservation. Notre objectif est de conjuguer harmonieusement développement humain, activités économiques et préservation de l’écosystème, mais il est crucial de mettre en place un programme de développement intégré qui prenne en compte ces deux dimensions.

L’enjeu principal, qui mobilise notre attention, est de parvenir à équilibrer ces objectifs souvent divergents. Il s’agit de sensibiliser à cette nécessité de concilier développement économique et préservation environnementale. Nous plaidons pour que ces territoires suscitent un intérêt accru et attirent des investissements significatifs, tout en garantissant la conservation de leurs écosystèmes.

Ces défis sont complexes et exigent des efforts soutenus de la part de tous les acteurs impliqués. Nous constatons aujourd’hui que la combinaison réussie de développement économique et de préservation environnementale ne constitue pas une faiblesse pour ces territoires, mais au contraire, une force qui les propulse vers l’avant. C’est grâce à cette convergence d’efforts que nous parvenons à transformer ces défis en opportunités de croissance et de durabilité pour ces régions.

– Quelles initiatives l’ANDZOA met-elle en place pour promouvoir le développement durable des zones oasiennes et protéger l’arganier ? Dans le contexte du SIAM, comment renforcer cette promotion ?

Notre agence œuvre activement au développement global, avec un focus particulier sur le volet agricole en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, qui est également notre ministère de tutelle. Nous travaillons à mettre en place des chaînes de valeur, que ce soit pour l’arganier ou le palmier dattier, en concertation et complémentarité avec les institutions concernées.

L’enjeu majeur aujourd’hui est de favoriser la concertation entre les différents départements ministériels. Le rôle de l’ANDZOA est de coordonner ces efforts autour de projets communs et complémentaires. Il est primordial de ne plus avoir des interventions isolées, mais plutôt des interventions convergentes qui permettent de mutualiser les efforts et les ressources.

Dans le cadre de la nouvelle stratégie Génération Green, pour le palmier dattier, nous prévoyons la plantation de 5 millions de palmiers, dont 3 millions dans les palmeraies traditionnelles et 2 millions dans de nouvelles palmeraies modernes en extension. Cette initiative s’accompagne d’autres volets tels que la formation, la mobilisation des ressources hydriques, et la préservation de l’eau, des enjeux cruciaux dans ces zones.

Pour les zones de l’arganier, un programme ambitieux de plantation de 50.000 hectares d’arganiers est prévu dans le cadre de la stratégie agricole Génération Green 2020-2030. De plus, dans le domaine forestier, l’Agence Nationale des Eaux et Forêts (ANEF) prévoit la réhabilitation de 400.000 hectares, avec un accent sur la mobilisation et l’optimisation des ressources hydriques.

Ces programmes s’accompagnent d’efforts pour sensibiliser et accompagner la population locale face aux défis majeurs posés par les changements climatiques. Il s’agit d’une approche holistique qui vise à assurer la durabilité et la prospérité des écosystèmes fragiles, tout en renforçant la résilience des communautés locales.

– Quel rôle l’ANDZOA joue dans la promotion de l’huile d’argan sur les marchés nationaux et internationaux ?

Parmi les principaux objectifs de notre agence aujourd’hui figure l’accompagnement et la mise en œuvre des plans d’action inscrits dans les contrats-programmes des filières des dattes et de l’arganier. Notre mission ne se concentre pas sur la commercialisation directe des produits, mais plutôt sur le soutien apporté au développement et à la valorisation de ces filières sur les marchés nationaux et internationaux.

La commercialisation des produits et leur mise en valeur sur les marchés, notamment auprès des grandes surfaces nationales et internationales, relèvent des prérogatives de l’Agence pour le Développement Agricole (ADA), qui exerce cette mission avec efficacité. Au SIAM, cette dynamique de développement et de valorisation des filières agricoles est clairement visible et représente le résultat tangible d’une décennie voire deux décennies d’accompagnement.

Ce succès constitue une fierté pour le Maroc, mettant en lumière le rayonnement des produits du terroir, le patrimoine et le savoir-faire agricole marocains, en particulier celui des agriculteurs, et plus spécifiquement des femmes qui jouent un rôle crucial dans ces filières.

Actuellement, un contrat-programme a été signé entre l’État et les interprofessions des deux filières, le palmier dattier et l’arganier, dans le cadre de la stratégie Génération Green. Ce contrat-programme pour la filière du palmier dattier bénéficie d’un budget substantiel de 7,5 milliards de dirhams, tandis que celui de l’arganier est doté d’un budget de 3,5 milliards de dirhams d’ici l’horizon 2030. Ces programmes ambitieux visent à renforcer davantage le développement et la compétitivité de ces filières stratégiques pour le Maroc.

– Comment l’ANDZOA collabore-t-elle pour renforcer le développement socio-économique des zones oasiennes et promouvoir la durabilité de la culture de l’arganier ?

La durabilité est devenue un enjeu crucial, surtout ces dernières années, pour les écosystèmes du palmier dattier et de l’arganier, deux espèces végétales résilientes jusqu’à un certain point. Toutefois, avec les changements climatiques et les évolutions des pratiques agricoles, ces écosystèmes commencent à montrer des signes de vulnérabilité face aux conditions climatiques défavorables.

Pour accompagner ces évolutions, la concertation et la sensibilisation occupent une place centrale. Dans le cadre des stratégies ministérielles telles que le Plan Maroc Vert et la Stratégie Génération Green, une grande attention est accordée à la recherche scientifique. Celle-ci vise à trouver des solutions permettant de dépasser ces problématiques spécifiques à ces zones.

La recherche scientifique est menée en collaboration avec nos instituts de recherche et d’autres institutions nationales affiliées au ministère de l’Agriculture. L’objectif principal est de développer des espèces résilientes, comme le cactus adapté aux zones de l’arganier, ainsi que des plantes capables de résister aux effets néfastes du changement climatique.

Depuis le lancement du programme d’arganiculture en 2012, la recherche scientifique a été à la base de nos actions. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec des chercheurs pour mettre en place des pratiques agricoles spécifiques à l’arganier, notamment en matière d’irrigation, de techniques de plantation et de sélection des plants. Grâce à ces efforts, nous avons réussi à planter les premiers 10.000 hectares d’arganiers.

La recherche se poursuit afin d’accompagner continuellement le secteur et de développer des mécanismes permettant d’accroître la résilience de ces cultures face aux effets du changement climatique. C’est un processus continu visant à assurer la durabilité et la prospérité des écosystèmes fragiles comme ceux du palmier dattier et de l’arganier.

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