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Amour, héritage et bombe artisanale près de la piscine : un couple écroué pour deux tentatives d’assassinat dans l’Aude

Après sept mois d’enquête, les gendarmes de la section de recherche de Montpellier semblent avoir déjoué une incroyable machination criminelle et familiale, dont a failli être victime Josiane, 85 ans, à Espezel, dans la haute vallée de l’Aude, en juillet dernier. L’enquête s’est accélérée début février 2024, avec l’arrestation d’un couple de retraités, sur fond de gros sous et de vengeance.

L’affaire est révélée par nos confrères de Midi Libre.

Le 9 juillet 2023, lorsque Josiane, 85 ans, voit que le grillage de sa propriété a été découpé, et qu’un drôle d’outil est posé près de sa piscine couverte, où elle nage chaque matin de 9 h à 10 h, elle préfère appeler les gendarmes. Car cet incident, dans le petit village d’Espezel, un hameau reculé du plateau de Sault, entre Quillan et Ax-les-Thermes, n’est pas le premier. Trois ans plus tôt, il y a eu le sabotage des freins de sa voiture, pour lequel elle avait déposé plainte, en vain. Et puis une série de lettres anonymes, lui réclamant une rançon de 500 000 € à déposer dans la forêt, « au pied de la Croix de fer », pour éviter qu’on ne « dévoile le scandale ».

Billes de plomb et d’acier et poudre propulsive

Alors Josiane fait venir les gendarmes, et bien lui en a pris. L’espèce de tenaille en fer est reliée par un câble à une boîte en métal enterrée près de la piscine: les démineurs, perplexes, trouvent « un mécanisme de mise à feu pourvu de billes de plomb et d’acier et de poudre propulsive », un engin fonctionnel, « incliné vers la cible » et « susceptible de causer de graves préjudices physiques voire d’atteindre un niveau létal. » En clair : Josiane a échappé de justesse à une bombe artisanale, faite pour la tuer.

Sept mois plus tard, les gendarmes de la section de recherche de Montpellier viennent de déjouer ce qui semble être une incroyable machination criminelle, sur fond d’héritage et de haine familiale. George et Isabelle Arnaud, 68 et 69 ans, un couple de retraités qui partagent leur vie entre leur résidence secondaire de Sainte-Colombe d’Hers, dans l’Aude, et Portet-sur-Garonne, au sud de Toulouse, ont été incarcérés le 8 février dernier après leur mise en examen à Narbonne pour « tentatives d’assassinats », une accusation qu’ils nient et qu’ils viennent de contester devant la cour d’appel de Montpellier.

Une liaison extraconjugale pendant soixante ans

Pour comprendre, les gendarmes ont reconstitué une histoire familiale très particulière. Celle de Clément Siffre, médecin de campagne et plusieurs fois maire d’Espezel, marié à Madeleine et père de deux filles, qui a entretenu pendant soixante ans une relation extraconjugale avec Josiane, l’institutrice et voisine de vingt ans sa cadette.

À la mort de Madeleine, en 2008, « tout le monde était au courant et leur relation est devenue officielle et publique » résume ce mardi 27 février à Montpellier la présidente de la chambre de l’instruction, même si « elle était mal perçue » par les deux filles du médecin. En 2015, le couple s’installe ensemble, et en 2020, à 102 ans, Clément épouse officiellement Josiane, en faisant venir le maire à la maison, et la presse, pour officialiser l’union. « Des nouveaux mariés qui totalisent à eux deux 184 ans ! » titre La Dépêche, photo à l’appui.

700 000 € d’immobilier et 250 000 € d’assurance vie

Mais après le décès de Clément, en juin 2021 et lorsqu’on parle d’héritage, ça coince : le défunt lègue à ses deux filles des biens immobiliers d’une valeur de 700 000 €, mais réserve à Josiane l’argent des comptes en banque, soit plus de 200 000 €, et une assurance vie de 250 000 €.

C’est dans les semaines suivantes qu’ont commencé les lettres anonymes envoyées à Josiane, lui reprochant de « s’être mariée pour s’enrichir » et la couvrant d’insultes. Les écoutes téléphoniques des gendarmes ont focalisé les soupçons sur Isabelle, l’une des filles de Clément, et sur Georges, son mari, qui semble nourrir une incroyable animosité envers Josiane.

Le fusible des freins de la voiture sectionné

« Il est question de vengeance et de haine dans cette histoire où l’on a deux tentatives d’assassinat » souligne l’avocat général, opposé à toute remise en liberté du couple. Car il y a eu la bombe, et puis cet incident, en septembre 2020, alors que Josiane avait demandé à Isabelle et Georges de venir s’occuper de Clément pendant quelques jours. Après leur départ, Josiane avait eu un accident de voiture : le garagiste avait constaté que le flexible des freins avait été sectionné.

« C’est une histoire de dingue ! » tonne Me Pierre Alfort, qui demande avec Me Pascal Oudin la libération de Georges Arnaud, un artisan miroitier qui n’a comme seule tache connue une condamnation à un an avec sursis, pour un accident de chasse mortel ancien. « Cet homicide involontaire n’est pas révélateur d’une personnalité inquiétante ! »

« Je ne comprends pas le mobile, quand bien même Josiane disparaîtrait de cette terre, cela ne rapporterait rien à personne » enchaîne Me Alexandre Martin, pour Isabelle, la fille du médecin, qui était clerc de notaire avant sa retraite, et est aujourd’hui détenue à Perpignan. Décision jeudi 29 février.

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