Pyrénées : Omerta, trafic de drogue, accusation d’une mort en France… Qui a tué l’ours Cachou? Un documentaire pose la question en attendant le procès

L’ours Cachou est mort le 9 avril 2020, empoisonné à l’antigel. Quatre ans après, TV3 a diffusé un documentaire qui décrypte l’affaire, ses silences et sa justice impossible malgré deux mises en accusation.

Un cas exceptionnel ! La mort de l’ours Cachou, en avril 2020 dans la province catalane du Val d’Aran, tout près de la frontière française, garde tous ses mystères même si TV3 a tenté, ce mardi soir, d’en lever quelques-uns.

Cette affaire n’est pas banale puisque le procès, dont la date n’a toujours pas été fixée mais qui n’a jamais semblé aussi proche, marquera l’histoire. Ce sera, en effet, le tout premier procès pénal, en Europe, pour la mort d’un animal protégé.

Deux accusés mais toujours pas de procès

Dans cette affaire, deux personnes ont pourtant été mises en accusation, confondues par des écoutes téléphoniques. Mais la justice espagnole avance lentement. Très lentement.

Il a été avéré que Cachou a été empoisonné à l’antigel. Reste à savoir qui l’a tué. Est-ce un ancien conseiller du Conseil général du Val d’Aran ou un garde-chasse ? Ou a-t-il été victime d’une conspiration plus large ? 

Les écoutes téléphoniques ont été diffusées ce mardi soir dans le documentaire de la télévision catalane « Qui a tué Cachou ? ».

Des accusés qui nient les faits. Comme tout le monde dans le secteur. « Il y a eu un pacte de silence autour de la mort de l’ours », révèle le documentaire de TV3 monté comme un thriller avec des surprises, des intrigues, des chocs et des rebondissements tout au long de l’enquête. Et certains, même, d’accuser les voisins français d’avoir empoisonné Cachou.

Un trafic de drogue démantelé au passage

Une enquête qui, au détour des fameuses écoutes téléphoniques, a permis de démanteler un réseau de trafic de cocaïne pour lequel un maire, celui de Casau, a été arrêté avec douze autres personnes et 1,88 kilo de cocaïne confisqué.

Quant à la mort de Cachou, les certitudes sont moins grandes en raison de l’omerta qui règne dans les montagnes du Val d’Aran. « Tout le monde a des liens d’amitié, de voisinage ou de famille », explique un témoin. « Cela signifie que personne n’a reconnu la paternité des événements. »

« Un mutisme, un pacte de silence non écrit entre de nombreuses personnes qui ont été soit soupçonnées, soit interrogées par les Mossos » et qui intrigue pour Josep Maria Flores, co-auteur du documentaire.

Une population locale à fleur de peau sur la question de la présence de l’ours dans ses montagnes puisque, à l’automne 2019, Cachou a tué des juments, des poulains et des moutons lors de plusieurs attaques qui avaient déclenché des manifestations dans le Val d’Aran.

Si le documentaire n’a pas permis de répondre à la question centrale autour de la mort de Cachou, sans doute que le procès permettra de déterminer les vraies responsabilités dans le décès de l’ours né dans les Pyrénées en 2015.