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Près de Perpignan : un gendarme condamné pour fausses ordonnances de Viagra et importation de drogues sur fond de relations Chemsex

Un ancien gendarme de Canet a été condamné ce mardi 2 avril 2024 par le tribunal correctionnel de Perpignan à un an de prison ferme pour faux et usage de faux, mais aussi trafic de drogues de synthèse et de cocaïne entre 2022 et 2023. Des produits qu’il cédait à ses partenaires sexuels. 

L’ex-gendarme de 54 ans appelé à la barre du tribunal correctionnel de Perpignan ce mardi n’est pas là. Il serait retenu par un nouvel emploi. Et bien que placé sous contrôle judiciaire depuis plusieurs mois, le flou demeure sur sa nouvelle adresse. En revanche, certaines pièces du dossier laissent, elles, peu de doutes sur les faits reprochés, dévoile d’emblée la présidente.

En août 2023, le militaire occupe un poste à responsabilités à la brigade de Canet-en-Roussillon. Là même où un médecin se présente afin de déposer plainte. Il raconte qu’un homme s’est rendu dans une pharmacie de la commune avec une ordonnance frauduleusement signée de son nom pour se faire délivrer des molécules de type Viagra. Le préparateur en pharmacie, intrigué par le dosage « extrêmement important » de la prescription, a mené sa petite enquête et a alerté le praticien.

« C’était pour attirer les partenaires »

Et les investigations officielles offrent vite une surprise de taille. Sur la vidéo surveillance de l’officine, le suspect n’est autre… qu’un gendarme du coin. Entendu, l’homme reconnaît. « Par flemme de se rendre chez le médecin », il fabriquait ses documents médicaux sur l’ordinateur et la photocopieuse de la brigade. Au total, quatre fausses ordonnances présentées à douze reprises dans des pharmacies de Canet et de Perpignan. Pour lui, « pas question de parler d’escroquerie car ce médicament n’est pas remboursé ». Mais, divorcé, père de deux enfants, submergé de crédits à la consommation et endetté jusqu’au cou, ne revendrait-il pas quelques pilules sous le manteau ?

Les enquêteurs n’en restent pas là. Les perquisitions menées à son domicile au sein de la caserne, permettent de mettre la main sur une nouvelle ordonnance, vierge celle-là, au nom d’un médecin qui n’exerce plus en métropole. Le gendarme s’explique. Un interne de Montpellier la lui a donnée alors qu’il avait fait sa connaissance sur un site de rencontres internet. Site sur lequel il noue d’ailleurs de nombreuses relations. Des rapports « Chemsex », autrement dit sous produits stupéfiants. Tout y passe, GBL (ou GHB), 3-CMC, cocaïne…, comme clairement mentionné sur son téléphone portable. « C’était pour faire comme tout le monde, ça désinhibait », se justifie le gendarme, tandis que l’analyse de ses comptes bancaires montre qu’il fait venir les drogues de synthèse sur internet d’Allemagne et des Pays-Bas. « J’ignorais que ces produits étaient prohibés », ajoute-t-il. « C’était pour attirer les partenaires ». Avouant toutefois qu’il leur en a « cédé, mais sans aucune contrepartie financière », de même qu' »il lui arrive de partager ses cachets de Viagra », malgré les risques notamment cardiaques. Son commandant d’unité se souvient aussi que lors d’une saisie de cocaïne réalisée par ses services, le gendarme en question « s’était proposé spontanément pour prendre en charge la drogue et la détruire »…

Déjà condamné pour arnaque à l’assurance

Le militaire est donc aussitôt suspendu de ses fonctions. D’autant qu’il n’en est pas à son premier délit. Il a déjà été condamné par le tribunal correctionnel de Nîmes à un an de prison avec sursis pour « tentative d’escroquerie et dénonciation mensongère ». En clair, en 2021, au Vigan dans le Gard, il avait incendié volontairement son 4×4 BMW afin de toucher une indemnité de son assureur. À trois jours de sa promotion au grade de major, il avait été radié du tableau d’avancement. Ce qui ne l’a pas empêché, alors qu’il avait été muté dans les Pyrénées-Orientales, de redemander cet échelon et de l’obtenir.

« Il a expliqué qu’il présentait toutes les garanties de bonne morale, qu’il avait tiré des leçons de ses condamnations passées. Mais il se moque du monde ! », s’agace la procureure qui requiert 30 mois de prison ferme avec mandat d’arrêt. Les juges n’iront pas jusque-là. Prenant peut-être en compte la supplique de son avocat Me Christian Bayekola qui réclamait qu’il soit jugé « comme monsieur tout le monde ». Ils condamnent le gendarme à 24 mois de prison dont 12 mois avec sursis probatoire comprenant une obligation de soins en addictologie. Mais le tribunal suit le parquet concernant les peines complémentaires : privation des droits civiques, civils et familiaux pendant 5 ans et interdiction définitive d’exercer les fonctions de chargé de mission de service public, dépositaire de l’autorité publique et toutes activités privées de sécurité. Qu’importe, le militaire a pris sa retraite le 1er mars dernier.

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