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Narbonne : un arrêté synonyme de « véritable catastrophe » pour les épiceries de nuit

L’arrêté municipal pris par Bertrand Malquier le 8 janvier dernier concernant les épiceries de nuit n’a pas manqué de faire réagir les principaux concernés. Les gérants de ces petits commerces s’estimant en danger financièrement entendent riposter. 

Ce lundi 8 janvier, Bertrand Malquier, maire de Narbonne, a pris un arrêté municipal obligeant les épiceries de nuit à fermer du jeudi au dimanche, à partir de 22 heures. Une décision qui vise à restreindre l’activité nocturne de ces commerces. Dans son arrêté, le premier magistrat de Narbonne demande également aux commerces visés de « prendre toutes les mesures utiles afin que l’exploitation de leur commerce ne soit pas de nature à troubler la tranquillité publique ». Ainsi, ce sont près d’une dizaine d’épiceries ou alimentations qui devront baisser le rideau à 22 heures entre le jeudi et le dimanche. Un coup dur énorme pour Sofian, gérant de l’épicerie So Market. « C’est une catastrophe pour moi, mon commerce n’existe que depuis le 7 octobre, et je subis déjà une restriction comme ça, peste-t-il. 22h, c’est l’heure à laquelle on commence vraiment à bien marcher, quand les commerces traditionnels ferment. J’aurais aimé que l’on nous reçoive, et qu’il y ait une concertation avec les élus avant qu’ils ne prennent cette décision ». Le gérant de la nouvelle épicerie ne décolère pas face à ce qu’il estime être une « punition collective et une profonde injustice », alors que « certaines épiceries ne dépassent jamais les limites ». « Je n’ai connaissance d’aucune plainte du voisinage, je ne vends pas de cigarette, je suis vraiment dans l’incompréhension », dit-il. À quelques centaines de mètres de là, à l’Alimentation Générale du Pastouret, Marie ne comprend pas non plus cette décision. « On est sous le choc. Déjà qu’on avait dû faire face à l’interdiction de vendre de l’alcool après 22h, maintenant il y a ça, regrette-t-elle. On a la boutique face à l’école de Bourg, et celle du Pastouret, qui vient d’ouvrir, c’est un énorme coup de massue. On interdit aux épiceries de nuit d’ouvrir… la nuit. C’est incompréhensible ». Elle pense que le problème ne vient pas des épiceries, mais des personnes qui consomment. « Il faudrait plutôt verbaliser les personnes qui font du bruit dans la rue. On ne peut pas être tenus responsables de toutes les nuisances », explique-t-elle. « On est dégoûté, maintenant, on ferme en même temps que Carrefour City, on ne considère plus les petits commerces qui essayent de s’en sortir face aux grandes enseignes, c’est fini ». Au Night Shop, place des Pyrénées, le son de cloche est identique pour Ayoub. « Après 22h, je recevais des gens qui terminaient tard de travailler et qui venaient acheter des produits de première nécessité », précise-t-il. On est perdu, on réfléchit peut-être à ouvrir plus tôt, mais ce sera dur de rattraper ce que l’on perd en ne travaillant pas la nuit. On est trois à travailler ici, et nos salaires vont forcément baisser ».

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Un manque d’information criant

Le gérant de So Market, avenue de Toulouse, estime manquer d’information et assure avoir appris l’arrêté dans nos colonnes avant de l’avoir reçu par la mairie. « La nuit, je ne vends que des produits de première nécessité : dosettes de café, farine, du papier toilette ou des serviettes hygiéniques, liste Sofian Bouaziz. On nous demande aussi d’arrêter tôt de vendre de l’alcool, mais on ne dit rien aux boîtes de nuit ».

Loin de vouloir en rester là, l’épicier compte saisir « un avocat spécialisé dans le droit public pour contester cet arrêté. L’idée serait de voir s’ils ont bien respecté la loi et si tout est fait dans les règles sur cet arrêté ». À l’heure actuelle, il monte un collectif de gérants d’épiceries, et a lancé une pétition pour contester l’arrêté municipal. « Pour l’instant, nous sommes 5, ça nous permettra d’avoir une voix plus forte », explique Sofian Bouaziz.

Contacté, un autre épicier n’a pas souhaité s’exprimer en profondeur au sujet de cet arrêté municipal, « par peur de représailles ». « C’est une décision qui sera lourde de conséquence sur l’économie des petits commerçants du centre-ville », explique-t-il tout de même. « Contrairement à ce que pense la mairie, l’essentiel de ma clientèle est composé de riverains ».

La pétition est en ligne via ce lien.

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