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Narbonne : Pour le délégué national Unité SGP Police, « les services d’enquête sont à bout de souffle ! »

Yann Bastière délégué national chargé de l’investigation du syndicat Unité SGP Police FO était auprès de ses collègues au commissariat de Narbonne pour recueillir les remontées de terrain…teintées de grogne.  

C’est l’une de ses tournées de terrain que Yann Bastière affectionne, car elles permettent de discuter sans filtre avec le plus d’enquêteurs possibles, pour évaluer leurs besoins, appréhender l’évolution et établir des comparatifs d’un territoire à l’autre. Le délégué national chargé de l’investigation du syndicat Unité SGP Police FO était ce jeudi 11 janvier auprès de ses collègues Narbonnais, pour dresser un constat sans appel. 

Il y a un très gros stock de dossiers en souffrance 

« Il manque 10 000 enquêteurs en France et un tel vide se répercute forcément dans chaque commissariat. Dans l’Aude, on estime les besoins à 15 à 20 enquêteurs sur les deux structures. Narbonne ne dénote pas de beaucoup de circonscriptions. Les chiffres sont insuffisants et du coup, il y a un très gros stock de dossiers en souffrance. »

À Narbonne, le service investigation a pourtant été pourvu de renforts. « Des collègues ont été formés et sont devenus des officiers de police judiciaire, mais ces effectifs n’ont pas comblé les départs à la retraite ». La pyramide des âges est telle que les années qui arrivent vont voir partir de nombreux policiers. « On va assister à une vague fournie de départs qui ne sera pas comblée, car le service n’est plus attractif. Au niveau national, il y a malheureusement de nombreux burn-out, et nous avons compté des drames dans certaines villes ». Yann Bastière se souvient avec nostalgie de ce temps où le service investigation était la récompense de la qualité de son travail. « On se battait pour l’intégrer ! Mais maintenant c’est l’inverse, on y met tous les jeunes immédiatement sortis d’école ! Les jeunes sont affectés à l’Ile de  France et sont nombreux à démissionner ».

Les enquêteurs sont dotés d’un outil de travail préhistorique !

 Le délégué national fustige les conditions de travail délétères, qui ont découragé les policiers : « L’outil est obsolète, préhistorique ! Le logiciel utilisé date du siècle dernier ! Les locaux, (Carcassonne est un cas à part, et a été dotée d’un hôtel de police dernier cri), ne sont pas adaptés, ils sont exigus et ne correspondent pas aux besoins de la population narbonnaise. Ni pour les bureaux, ni pour les gardes à vue. Nous avons alerté il y a longtemps : les collègues s’entassent, de telles conditions nuisent à la confidentialité ». Car à Narbonne, si l’accueil a été refait, la structure est jugée inadaptée. « Elle est largement insuffisante, elle n’est pas fonctionnelle » insiste Yann Bastière, « il faut plancher sur un bâtiment neuf, ça devient nécessaire ». 

 La situation est si tendue que, cite Yann Bastière, « La filière est en souffrance. Les collègues n’en peuvent plus, il y a trop de dossiers en attente, et la charge mentale est énorme, la pression  insupportable ». Parmi les propositions syndicales du syndicat, un changement de rythme de travail, afin d’alléger cette charge mentale. « On pourrait passer à la semaine de quatre jours, pour que chacun souffle et puisse faire la part des choses entre vie professionnelle et vie privée ». Des expériences seront menées en ce sens sur certains territoires.

Parmi les perspectives, un groupe de travail va se pencher sur l’attractivité de la filière judiciaire avec des préconisations rapides. « Il y a urgence, il faut une vraie prise de conscience, les services sont à bout de souffle ! » 

Les JO ne vont pas arranger les choses, avec une interdiction de poser de congés pendant les périodes clés. On estime à 42 500 les forces de sécurité permanentes nécessaires, avec 22 500 de renforts issus de province.  

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