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Limoux – Harcèlement au collège Delteil : les mères des deux garçons dénoncent « une déscolarisation forcée »

Deux mois après avoir dû retirer leurs fils du collège public de Limoux, Aurélia Escande et Elodie Grasset continuent de dénoncer la situation, évoquant « une double peine » vis-à-vis des victimes de harcèlement. La poursuite de la scolarisation des deux garçons s’annonce en effet délicate.

« Une énième porte qui se referme… ». Ce samedi 16 mars, Aurélia Escande s’est rendue aux journées portes ouvertes de l’Institut Saint-Joseph, dans l’espoir de pouvoir y inscrire son fils. « Les enseignants étaient enthousiastes et envisageaient même une inscription pour le 3e trimestre. Mais lors de notre entrevue, la principale du collège m’a exprimé qu’elle pensait, qu’au vu de sa scolarité hachée, le collège ne saurait répondre aux besoins de mon fils ».

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Deux mois après avoir dû retirer leurs fils du collège Joseph-Delteil où ils se disaient harcelés, Aurélia Escande et Elodie Grasset se frottent à une nouvelle difficulté : la poursuite de la scolarité de leurs fils, pour lesquels un retour dans leur établissement d’origine est « inenvisageable ».

Une année scolaire sans suivi

« On se dit que la 3e prépa au lycée Ruffié serait idéale pour chacun d’eux, souligne Elodie Grasset. Mais il n’y a que 15 places et c’est sur dossier… Avec autant de mois d’absence à Delteil, même totalement justifiés, je ne sais pas si ça va passer ». Car si chacune d’elles a entamé des démarches pour une instruction en famille via le Cned, cette voie ne représente « qu’une option parmi d’autres ». « Et le temps que tout se mette en place, ils vont passer le reste de l’année scolaire sans cours, sans suivi ».

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Jusque-là en effet, les anciens professeurs des deux garçons envoyaient les cours via l’ENT. « Enfin, des cours… Parfois, on n’a pas les consignes, on ne sait pas à quoi ça correspond… Et avant les vacances, il a fallu que j’insiste très lourdement pour les avoir », affirme Elodie Grasset. Aurélia Escande complète : « La majorité de ces photocopies de cours manuscrits ne sont absolument pas adaptés aux besoins de mon fils [en situation de handicap, NDLR] et ne respectent pas du tout son projet personnalisé de scolarisation ».

La double peine

Des cours qui ne conviennent pas à leurs attentes, certes, mais qui permettaient tout de même d’assurer une continuité pédagogique… Jusqu’à ce que l’accès à l’ENT soit suspendu suite à l’envoi d’un « Exeat », document attestant que l’élève a quitté définitivement un établissement scolaire. « Je n’en ai absolument pas fait la demande, on bafoue mes droits parentaux », s’indigne Aurélia Escande. Elle indique ne plus avoir accès à l’emploi du temps ni aux messages des professeurs.

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« En fait, c’est une double peine, relève Elodie Grasset. Nos fils sont traumatisés par le harcèlement qu’ils ont subi, mais en plus de ça c’est à eux de quitter le collège, de se retrouver sans cours, sans scolarité normale. C’est une déscolarisation forcée. Sans compter que quand ils auront le Cned, ils vont devoir charbonner pour arriver à rattraper leur retard ».

Loin de s’avouer vaincue, Aurélia Escande a envoyé un dossier d’une quarantaine de pages à la ministre de l’Éducation nationale. « Pour mon aîné aussi je me suis retrouvée sans solution, raconte-t-elle. J’ai fait une vidéo sur les réseaux sociaux, j’ai écrit à Macron, j’ai manifesté et là on a eu plusieurs solutions à me proposer. Je suis prête à le refaire ».

Suite à la parution des deux premiers articles sur ce sujet (voir notre édition du 18 janvier dernier), des professeurs exerçant dans le Limouxin se sont sentis visés, estimant que ces écrits « remettaient en cause tout le travail effectué depuis des années ». Nous avions pourtant sollicité à plusieurs reprises la direction de l’établissement pour faire entendre leur parole. Pour ce nouvel article, nous avons relancé les professeurs qui s’étaient manifestés, la direction de l’établissement mais également les syndicats de l’Éducation nationale, les fonctionnaires ayant un devoir de réserve. Toutes nos sollicitations sont restées lettre morte.

 

La réponse de l’inspecteur de l’Éducation nationale

La Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) a demandé à Pierre Jacob, inspecteur de l’Éducation nationale chargé de l’adaptation scolaire et de la scolarisation des élèves handicapés (INE-ASH), de réagir. 

« J’ai contacté la direction du collège qui lorsqu’elle a pris connaissance de la situation a mobilisé le référent harcèlement de l’Académie. J’ai l’impression que c’est une sorte d’incompréhension, dit-il à L’Indépendant. En janvier, la direction du collège Delteil a fait plusieurs propositions pour assurer la continuité pédagogique afin que les élèves puissent continuer à disposer des cours. La DSDEN a validé chacune des propositions émises par l’équipe locale. »

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