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Au tribunal correctionnel de Narbonne, l’enfer des violences conjugales à la barre

Le tribunal a condamné un père de famille de 26 ans pour les mots et les coups dont la victime a souffert pendant des années.

Trois ans de prison avec maintien en détention dont 18 mois assortis d’un sursis probatoire de deux ans, une obligation de travail ou de formation, de soins pour l’addictologie et sur la gestion des émotions, d’accomplir des stages de responsabilité parentale et de sensibilisation aux violences conjugales, d’indemniser la victime, voilà ce à quoi a été condamné un jeune homme de 26 ans ce lundi 8 avril par le tribunal correctionnel de Narbonne. Il a aussi l’interdiction d’entrer en contact avec la victime et de paraître à son domicile, de détenir ou de porter des armes. À ceci s’ajoutent le retrait de l’exercice de l’autorité parentale et la révocation d’un sursis probatoire de 6 mois.

À 8 ans, ce Narbonnais passe sa première nuit dehors ; à 10 ans, il allume son premier joint. Mineur, il vole beaucoup et multiplie les mentions sur son casier judiciaire. À l’adolescence, il rencontre cette jeune fille de trois ans de moins et le duo va s’aimer de plus en plus mal. Jalousie, quiproquos, machisme, possessivité créent « trop d’embrouilles », comme il les qualifie. Il la traite de tous les noms que seule l’impudeur de la justice peut répéter et lui fait mal. Jusqu’à frapper la victime de 1,47 m et 35 kg.

En 2021, un petit garçon naît. La même année, il est condamné le 19 octobre pour violences sur sa concubine. Et alors qu’il a interdiction d’entrer en contact avec elle, ils vont se revoir et la relation toxique va reprendre. L’été 2023, la jeune fille de 22 ans va travailler et habiter à Narbonne-Plage. Lui, il garde l’enfant mais, lorsqu’elle finit trop tard ou embrasse des clients, le retour à l’appartement passe par le schéma que l’on imagine. « Ces patrons tournaient à la cocaïne, il la payait mal », se justifie-t-il à la barre comme pour expliquer ses mots et ses gestes violents.

En décembre 2023, lorsqu’elle revient vivre à Narbonne, le concubin refait son apparition. Enfin, le 2 avril 2024, une soirée se prépare avec les voisins. Il veut sortir, elle non. Une dispute éclate. Le lendemain, la jeune fille appelle son père qui contacte la police pour dénoncer les violences habituelles. La férocité de l’homme, qui n’appartenait qu’à l’intimité du couple mais aussi à la vue de leur enfant, est stoppée nette.

Le 2 avril 2024, il l’attrape par les cheveux, il l’étrangle au point qu’elle se sent agoniser, lui donne des coups de pied dans les jambes, des coups de poing dans le ventre, la pousse au milieu de la pièce. Elle réussit à le mordre sur le flanc pour qu’il la lâche. Le médecin légiste lui prescrira le lendemain quatorze jours d’interruption temporaire de travail. À la police, elle raconte les violences répétées, habituelles. Quand Xavier Baisle, président du tribunal, lui demande si elle souhaite réclamer des dommages et intérêts, elle essuie ses larmes : « Je ne veux pas d’argent, je veux juste qu’il comprenne. Je n’ai pas voulu tout ça. »

La défense aurait voulu que l’autoentrepreneur puisse poursuivre son travail afin de se réinsérer dès maintenant… mais le tribunal a simplement souhaité être plus clément que les réquisitions du procureur qui souhaitait 3 ans ferme.

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