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Tribunal de Carcassonne : les détenus se badigeonnent d’huile alimentaire avant d’insulter les agents pénitentiaires

Ce jeudi 12 octobre, deux jeunes hommes de 26 et 19 ans comparaissaient devant le tribunal de Carcassonne pour outrages et violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et agent pénitentiaire. Leur changement de cellule étant impossible, les deux prévenus se sont badigeonnés… d’huile alimentaire avant d’insulter le personnel.

Tout débute le mardi 5 septembre au petit matin quand deux des trois détenus de la cellule n°8 de la maison d’arrêt de Carcassonne demandent à changer de cellule. Une requête qui ne peut pas être acceptée dans l’immédiat, l’établissement étant surpeuplé. Face à cette objection, Fahd, un Marocain de 26 ans, et Akram, un Espagnol de 19 ans, ont provoqué un fort tapage sur la porte de leur cellule de 9 m². Lorsqu’une équipe d’intervention arrive pour les calmer, celle-ci retrouve les deux hommes uniquement vêtus d’un caleçon et entièrement badigeonnés d’huile alimentaire. Le liquide utilisé, ainsi que de l’eau, recouvraient également le sol et le parvis de la chambre pénitentiaire. 

Les détenus ont alors profité de l’ouverture de leur cellule pour y sortir, déclenchant une scène de violences avec les agents. Akram aurait poussé un des surveillants au niveau du torse, le faisant glisser sur la flaque d’huile, provoquant sa chute. Blessé à la cuisse, celui-ci sera transporté aux urgences du centre hospitalier de Carcassonne. Fahd aurait, lui, aspergé d’eau la cheffe de détention. Après avoir été réintégrés dans leur cellule, les prévenus ont par la suite été transférés en quartier disciplinaire. Si les détenus ont tous les deux insulté les agents lors de leur transfert à coup de « Fils de pute », « sale PD », Fahd a quant à lui menacé de mort l’un d’entre eux : « Tu vas voir ce qu’il va t’arriver quand je vais sortir, t’es un homme mort ». 

Les deux contestent les violences

C’est dans ce contexte que les deux jeunes hommes comparaissaient ce jeudi 12 octobre 2023 au tribunal de Carcassonne. À la barre, Fahd s’excuse de « son excès de colère : on ne s’entendait plus avec la troisième personne de la chambre. Il prenait des cachets matin midi et soir. Je faisais la demande de changer de cellule depuis 15 jours, j’ai envoyé plusieurs courriers, je ne pouvais plus attendre ». Si celui-ci reconnaît les outrages envers les agents, il nie toutefois les menaces de mort : « Ce n’est pas ma façon de parler, je n’aurais jamais menacé de mort quelqu’un. » Idem pour l’huile, « je ne vois pas comment ils auraient fait pour me maîtriser si j’en avais sur tout le corps ». Même situation pour Akram, qui reconnaît les insultes mais réfute les violences. « Ce sont eux qui m’ont sorti de force et qui m’ont mis gratuitement au sol, on peut d’ailleurs le voir sur les vidéos de surveillance (images visionnées par le parquet en amont de l’audience, ndlr) ». 

Ce sont eux qui m’ont sorti de force et qui m’ont mis au sol

Me Sarda, avocat de deux agents – un ne s’étant pas porté partie civile –  et de la cheffe de détention, dénonce la minimisation des faits : « J’entends dire ‘oui j’ai insulté je suis désolé’ mais ces outrages sont désagréables pour ceux qui les reçoivent. Les maisons d’arrêt ont un effet de cocotte-minute et les agents ne doivent pas le subir ». Les avocats de la défense Mes Ferkache et Koulli sont clairs : rien ne prouve la présence de violences, même les vidéos. « L’audience du premier surveillant est intéressante, exprime Me Ferkache, c’est le seul qui ne se porte pas partie civile et le seul d’ailleurs qui ne parle à aucun moment de violences et de menaces de mort dans son audience. » 

Après délibération, Fahd et Akram sont relaxés pour les faits de violences mais condamnés pour le surplus à six mois de prison ferme avec un maintien en détention provisoire. 

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