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Perpignan – Jugé pour avoir frappé à mort son codétenu : « Il se promenait à poil, il m’a fait des avances, j’ai vrillé »

Un homme de 40 ans comparaît depuis ce lundi 29 janvier 2024 devant la cour criminelle des Pyrénées-Orientales pour « viols et violences répétées » sur une ex-conjointe entre 2017 et 2018, mais également pour « violences ayant sans intention de la donner entraîner la mort » de son codétenu en 2011 à la prison de Perpignan. Des « incidents », dit-il, dont il se refuse à assumer la responsabilité. Verdict attendu ce jeudi 1er février.

Un accusé, deux affaires. Le Perpignanais de 40 ans qui se tient depuis ce lundi dans le box doit non seulement répondre de violences conjugales graves commises alors qu’il était en liberté conditionnelle, mais également d’un second dossier criminel survenu lorsqu’il se trouvait sous les verrous. François T., un homme d’apparence plutôt courtoise, solidement planté dans un blouson bleu nuit, sourcils froncés et moue rechignée, ne dévoile rien. Il refuse poliment de répondre à toutes les questions évoquant sa famille ou ponctue ses phrases par un « Et voilà… » comme une évidence. Pourtant, là, on en est bien loin.

« Insultée, frappée, séquestrée et sous contrôle »

Le 1er janvier 2018, sa concubine, âgée de 66 ans, appelle le 17. Elle est cachée dans les herbes près du commissariat de Perpignan. Elle a accompagné François T., qui est venue pointer car placé sous bracelet électronique après une condamnation à 7 ans de prison pour des violences sur une ex-conjointe. Elle s’est enfuie et veut dénoncer « la série de sévices » qu’il lui ferait subir à elle aussi depuis plusieurs mois. Si elle a témoigné à la barre ce jeudi dans la confidentialité du huis clos, sa plainte est éloquente. Elle a rencontré cet homme de trente ans son cadet sur internet en mai 2017. Très vite, ils sont allés s’installer chez les parents de son compagnon. Là, il l’aurait soumise à une pression psychologique constante, l’aurait enfermée dans la chambre, l’aurait frappée à coups de poing et de pied quasi au quotidien, lui aurait interdit d’utiliser son téléphone ou sa voiture, lui aurait cassé le nez et l’aurait contrainte à des relations avec des sex toys. « Insultée, isolée, sous contrôle », elle ajoute qu’il aurait pris « l’habitude de lui cracher ou de lui uriner dessus ». Lui nie en bloc. Explique qu’il voulait se séparer de sa concubine mais qu’ »elle lui aurait fait du chantage au suicide et aurait voulu se venger ». Interpellé, il est placé en détention provisoire en attendant son procès. 

« C’était soit moi, soit lui »

Lorsque le 11 juin 2020, François T. est transféré de sa cellule 122 à sa demande et part tranquillement tandis que, quelques heures plus tard, son codétenu est retrouvé mort sur son matelas, transpercé de sang. La victime, âgée de 63 ans, décrit comme « discret » et « taiseux », sans famille et sans personne pour se constituer partie civile à cette audience, a été littéralement massacrée. « Multiples fractures, multiples traumatismes crâniens ayant provoqué des cisaillements du cerveau, lésions sur tout le corps, huit côtes brisées, des traces de strangulation, mais aussi des plaies béantes et des coupures au niveau du sexe et des testicules ».

« C’est malheureux oui, mais je me suis défendu. J’ai employé trop de force. J’ai jamais voulu qu’il meure », se défend François T. qui reconnaît a minima plusieurs épisodes de violences, dont le premier aurait éclaté, quatre jours avant la découverte du cadavre. « J’avais vu que c’était une personne bizarre. Il avait des instincts de prédateur. J’ai appris son pedigree par la suite. Au départ, il se comportait bien puis il s’est lâché. Il était sale, il se promenait à poil, il m’a fait des avances, il a essayé de me mettre son sexe dans la bouche et je n’ai pas supporté. Je ne dormais plus, j’avais peur qu’il me sorte un couteau. C’était soit moi, soit lui.. J’ai vrillé. Et voilà… « 

Suite des débats ce mardi 30 janvier 2024.

 

Aidant à la maison, violent à l’extérieur

François T., petit dernier d’une fratrie de six, a grandi à Perpignan. Un « enfant roi »  pour sa mère, aide ménagère comme pour son père, militaire devenu chauffeur routier, qui ont essayé de lui inculquer les valeurs d’honnêteté et de sérieux et l’ont scolarisé dans les établissements privés catholiques de la ville. Seul ombre à cette jeunesse, les non-dits autour d’un de ses frères, le seul abandonné et placé pour une raison toujours mystérieuse. 

Tout bascule, à 15 ans lorsque le patriarche, à la suite d’une intervention, devient hémiplégique. François T. abandonne ses études qu’il avait déjà largement désertées, pour épauler ses parents. Hormis pour quelques petits boulots ou diverses formations dont il ne va jamais au bout, il ne quittera jamais le cocon familial. « Se sacrifiant pour ses parents », insiste sa sœur.

Au-dehors, le tableau est moins rose. Sa première compagne, il la rencontre dans une auto-école. Elle le trompe, se persuade-t-il. Pour la faire avouer, il la violente. Il écope d’un an de prison avec sursis et mise à l’épreuve. La suivante, « trouvée » sur internet, dépose plainte pour viol et violences. Il est condamné à 7 ans de prison ferme avant d’être libéré et de croiser la route de celle qui l’accuse aujourd’hui.

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