Monde

Carcassonne : dix-huit mois de prison pour trois détenus, après un passage à tabac à la maison d’arrêt

Ce jeudi 2 novembre, trois hommes de 19, 20 et 51 ans ont été jugés en comparution immédiate, pour répondre de « violences en réunion, suivies d’une ITT supérieure à huit jours », commises à l’encontre d’un autre détenu. Le motif : le vol d’un paquet de cigarettes et d’un tee-shirt.

Placés sous mandat de dépôt depuis le 12 octobre dans le cadre de cette affaire, c’est sous escorte policière qu’Abdalla, Noah et Lionel sont arrivés devant le tribunal, où ils ont été jugés en comparution immédiate après avoir sollicité un renvoi il y a trois semaines. Âgés respectivement de 19, 20 et 51 ans, tous les trois étaient poursuivis pour avoir passé à tabac un autre détenu au sein de la maison d’arrêt de Carcassonne, le samedi 7 octobre. Ce jour-là, c’est vers 8h30 que les faits se sont produits en cour de promenade, alors que la victime âgée de 33 ans se trouvait bien seule. C’est tout d’abord Adballa qui va s’approcher de lui, avant de lui porter un premier coup de poing au visage. Vite rejoint par Noah, qui a commandité l’agression, les coups de pied et de poing vont continuer de pleuvoir alors que la victime a été mise au sol après une balayette. Comme si cela ne suffisait pas, Lionel va ensuite se joindre au groupe et en rajouter. Passée par l’infirmerie de la prison puis au centre hospitalier, la victime s’en sort avec plusieurs fractures au visage, ainsi que des contusions au niveau de l’omoplate et au poignet gauche. Une ITT de dix jours lui a été délivrée.

J’ai refusé au début, et après j’ai réfléchi !

Sur le motif de cette expédition punitive, il apparaît que c’est le vol d’un paquet de cigarettes à Noah, ainsi que le vol d’un tee-shirt à Lionel qui en sont à l’origine. Bien futile ! Face à la présidente Marjorie Lacassagne-Taveau, les trois prévenus ont reconnu les faits. Abdalla, a ainsi expliqué qu’il n’avait rien contre la victime et qu’il avait agi en premier car Noah le lui avait demandé : « J’ai refusé au début, et après j’ai réfléchi ! » De son côté, Noah a confirmé ce que venait de dire son codétenu, et reconnu avoir fait tomber la victime avec une balayette, avant de lui mettre une gifle et trois coups de pied. Lionel explique ensuite avoir profité de cette bagarre pour régler ses comptes avec celui qu’il accusait de lui avoir volé son tee-shirt Lacoste : « J’en avais parlé à un surveillant, mais personne n’a rien voulu faire… » De la personnalité de Biterrois Lionel, le plus âgé de la bande, on apprend que cet ancien chef d’entreprise vient d’être condamné à 15 de réclusion criminelle pour « meurtre » par la cour d’assises du Gard, et qu’il est à la maison d’arrêt de Carcassonne dans l’attente de son transfert. Son casier judiciaire fait état de sept condamnations. Abdalla, originaire du Nord de la France est père de deux filles. Il est quant à lui incarcéré depuis le 20 juillet dans le cadre d’une exécution de peine. Pour finir, c’est depuis le 12 juillet que Noah le Réunionnais est pensionnaire de la prison du chef-lieu audois pour lui aussi purger une peine. Son casier judiciaire recense deux condamnations pour des trafics de produits stupéfiants.

C’est un déferlement de violence qui s’est abattu sur ce détenu, sans qu’il n’y ait de justifications probantes.

Aux intérêts de la victime, Me Quentin Poirot-Seynaeve (barreau de Carcassonne) est revenu sur ce 7 octobre au matin, « où les trois prévenus n’ont pas loupé mon client. Aujourd’hui, ils invoquent des raisons fallacieuses… » Que dire aussi de l’administration pénitentiaire « qui dit travailler dans des conditions déplorables. Cet épisode de violence, où mon client s’est retrouvé seul, en est le triste exemple ! » Afin de déterminer le préjudice exact de la victime, l’avocat carcassonnais a sollicité du tribunal une expertise médicale, et un renvoi sur intérêt civil. Pour le parquet, la substitute du procureur Agathe Charriau est elle aussi revenu sur « des conditions de détention difficiles génératrice de tensions ». Le jour des faits, « c’est un déferlement de violence qui s’est abattu sur ce détenu, sans qu’il n’y ait de justifications probantes ».

Tout le monde mis dans le même sac, c’est une peine de dix-huit de prison qui a été requise, avec un maintien en détention. Pour la défense de Lionel, Me Baptiste Scherrer (barreau de Nîmes) a plaidé su la personnalité de son client, en jouant « sur la pression que ce dernier a eu à son retour de la cour d’assises, en apprenant qu’il avait été volé par celui à qui il avait confié ses affaires. Prenez en compte la situation de cet homme qui vient de prendre 15 ans de réclusion ! » Aux intérêts d’Abdalla, Me Alexandra Vitrac (barreau de Carcassonne) a brossé un portrait au vitriol de la maison d’arrêt de Carcassonne, qui accuse « un taux d’occupation de 212%, avec 136 détenus pour 64 places opérationnelles. Ce dossier est la parfaite illustration de cette situation… » Sans avocat pour sa défense, Noah a réitéré ses excuses. À l’issue de son délibéré, le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet à la lettre.

Media7

Media 7, votre source d’actualités en ligne. Notre mission est de fournir des informations précises, impartiales et à jour sur les événements nationaux et internationaux qui comptent pour vous.
Bouton retour en haut de la page