Propos recueillis par Malika Mojahid
Le président de la BAD, Akinwumi A. Adesina, a accordé une interview à la MAP, à l’occasion de l’édition 2023 du Forum pour l’Investissement en Afrique, dans laquelle il revient sur les efforts du Maroc pour l’intégration africaine, l’investissement en Afrique et les résultats concrets du Forum.
– Comment, à votre avis, inciter les investisseurs à avoir confiance en Afrique, dans un contexte économique complexe, exacerbé par des tensions géopolitiques qui dépassent nos frontières?
L’Afrique va très bien et son économie est aussi très résiliente, malgré la situation géopolitique, les taux d’inflation élevés, l’impact du covid-19 et les effets du changement climatique.
Cinq Etats africains figurent parmi les dix pays avec le taux de croissance le plus élevé au monde.
En 2023, le taux de croissance du PIB en Afrique est estimé à 3,8%, alors qu’au niveau mondial, il est d’environ 3,5%.
On devrait avoir beaucoup de confiance en Afrique pour différentes raisons.
Premièrement, l’Afrique a une forte croissance démographique avec une population estimée aujourd’hui à 1,4 milliard de personnes pour augmenter à 2,5 milliards de personnes d’ici 2050.
Deuxièmement, l’Afrique a une capacité énorme au niveau des énergies renouvelables, surtout pour le solaire.
Au Maroc par exemple, le complexe solaire Noor Ouarzazate, financé par la BAD, est “formidable”, en plus de Noor Midelt.
Troisièmement, la taille de l’économie des pays africains. Avec l’intégration régionale, la taille de cette économie devient de plus en plus importante et très intéressante pour les investisseurs.
Enfin, notre atout le plus important, c’est la jeunesse africaine. Nous avons aujourd’hui 477 millions de jeunes entre 15 ans et 25 ans.
Donc voilà la raison pour laquelle je suis toujours optimiste pour l’Afrique.
Quant aux risques, je suis convaincu qu’il y en a partout, pas juste en Afrique.
Une étude faite sur ce sujet par le Moody’s Analytics a révélé que le taux de défaillance du continent est le plus bas du monde.
Cela veut dire que l’Afrique est bancable, l’investissement sur l’infrastructure c’est rentable et on tient les risques.
– Le Maroc, sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI, s’est engagé dans plusieurs projets de développement du continent africain. Que pouvez-vous nous en dire ?
Sa Majesté le Roi Mohammed VI est très impliqué et engagé dans tout ce qui concerne l’intégration régionale.
Le Maroc investit beaucoup en Afrique et il a une expérience qui mérite d’être partagée.
Je prends l’exemple des énergies renouvelables. L’expérience réussie du Maroc au niveau du complexe Noor Ouarzazate, l’un des plus grands parcs solaires au monde, permettra à la BAD de lancer des projets similaires en Afrique, dans le cadre du projet “Desert to Power” qui vise à fournir de l’énergie à 250 millions de personnes dans les pays qui composent la bande sahélienne en utilisant les sources d’énergie disponible en abondance dans la région.
Un autre exemple est celui de la construction des ports avec les zones industrielles, zones industrialo-portuaires, comme Tanger Med.
Il faut revoir tous les ports en Afrique, en suivant l’approche adoptée au niveau de Tanger Med.
La BAD investit également au niveau du complexe portuaire Nador West Med qui est vraiment très important.
J’avais également visité l’Université Mohammed VI polytechnique et c’est incroyable ce que j’avais vu là-bas : Comment on utilise les informations digitales dans toutes les formations.
– Le Forum pour l’Investissement en Afrique se veut une plateforme de rencontre entre investisseurs et bailleurs de fonds à travers des board rooms auxquels le Maroc a participé. Quel résultat ?
Tout d’abord, je dois remercier Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de placer le Forum sous Son Haut Patronage. C’est un grand honneur pour nous.
Beaucoup de projets du Maroc ont été discutés lors des board rooms. Il y avait Nador West Med avec 4,5 milliards de dollars et presque 5,6 milliards de dollars pour la Royal Air Maroc pour investir dans les avions et améliorer la compétitivité de la compagnie.
D’autres projets ont été présentés qui ont suscité l’intérêt des investisseurs.
Cette quatrième édition du Forum a été une grande réussite, avec 34,82 milliards de dollars d’intérêts d’investissement cumulés. Donc, on est vraiment très satisfaits.
