Culture

21ème Grand Prix national de la presse: le Prix de l’Agence décerné à Abdelhakim Khirane

samedi, 16 décembre, 2023 à 1:36

Rabat – Le Prix de l’Agence de Presse décerné, vendredi soir à Rabat, dans le cadre de la 21ème édition du Grand Prix national de la presse, a été remporté par le journaliste Abdelhakim Khirane de l’Agence Maghreb Arabe Presse (MAP).

Abdelhakim Khirane a reçu le prix pour son article “Mounia Zemamou : l’innovation au gré des vents”.

Ci-après l’article primé:

Mounia Zemamou : l’innovation au gré des vents

Rabat, 07/03/2023 (MAP)- Tout au long de son histoire plurimillénaire, le Maroc a donné naissance à d’illustres noms qui ont fait sa gloire dans divers domaines, certains ayant préféré poursuivre leur parcours créatif dans le pays des aïeux, tandis que d’autres ont mis le cap sur de nouveaux horizons pour optimiser davantage leurs potentialités et mieux affûter leurs compétences et leur savoir-faire.

Sur les traces de ces pionniers, Mounia Zemamou a choisi, contre vents et marées, de faire son chemin, armée de confiance et d’optimisme, mais aussi d’une vitalité à toute épreuve, le regard rivé constamment sur le large, l’horizon.

Croyant dur comme fer que le succès est le fruit du labeur et de la sueur, elle a forgé son parcours au forceps, sans rien laisser au hasard, redoublant constamment d’efforts pour se prémunir contre les contrecoups du destin et les surprises des adversités.

Le célèbre poète arabe Al-Mutanabbi disait en son temps que les vents soufflent en défaveur des navires. Pas pour Mounia, qui a justement jeté son dévolu sur les petites turbines éoliennes, son champ de prédilection pour tenter d’ajuster la force des vents, pour produire de l’énergie.

Elle explique de manière technique et scientifique que son nouveau modèle de turbines s’articule autour d’un axe vertical, contrairement aux gigantesques pâles qui tournent autour d’un axe horizontal, assurant que son design permet une productivité de 30% de plus.

Ce modèle de turbines, poursuit-elle, s’accommode aisément d’une installation personnalisée dans les habitations, les unités industrielles, certaines exploitations agricoles pour le pompage des eaux d’irrigation, ou encore dans les zones reculées et éloignées du réseau électrique.

Selon elle, ces turbines, au vu de leur petite taille, peuvent également être utilisées de manière indépendante ou couplées à des plaques solaires, ce qui permet d’assurer une autosuffisance énergétique dans les zones concernées.

“Toutes les zones sont des espaces propices à ces turbines du fait qu’elles ont la possibilité de fonctionner à des vitesses réduites de vent pouvant aller jusqu’à deux à trois mètres par seconde, ce qui est largement disponible dans toutes les régions, indépendamment de la hauteur d’installation des turbines”, précise-t-elle encore.

Mounia estime que si “l’ambition n’a pas de limites, l’autosatisfaction est un désir déguisé de mort”. Et c’est justement la raison pour laquelle elle soutient mordicus que son invention n’est que le début d’une aventure qu’elle souhaiterait voir, bientôt, sortir de la conception froide des laboratoires à l’épreuve réelle des vents.

Peut-être alors que l’épreuve empirique déboucherait sur des dimensions plus larges pour une utilisation optimale de ces turbines, avec l’ambition de commercialiser ce modèle aux plans national et international !

Confiante et résolue, la tête sur les épaules, Mounia ne jure que par la recherche scientifique solide et appliquée, celle qu’elle aiguise au contact des livres, des interrogations, des remises en question. Puis, à l’image d’une abeille qui survole les pétales des plantes, elle confectionne avec patience et passion le nectar de ses recherches.

Ce sont d’ailleurs les mêmes vertus qu’elle recommande aux jeunes chercheurs : le choix d’un sujet qui les passionne, la patience et la persévérance, et l’ouverture sur les différents champs de recherche scientifique, à travers la participation aux séminaires et colloques internationaux et l’échange des expériences et expertises avec leurs pairs dans le monde entier.

“Sans omettre que ces échanges permettent aussi de faire valoir les compétences des chercheurs marocains et l’énorme potentiel dont ils disposent, chacun dans sa spécialité”, s’empresse-t-elle d’ajouter.

Et parce que “l’ambition est sans limites”, Mounia ne se prive pas de voyager partout dans le monde pour établir des contacts, élargir des connaissances, mettre à l’épreuve une expérience, s’informer de l’avancement d’une recherche… Pour parfaire son projet, elle ne compte plus les pays où elle s’est rendue pour prendre part à des activités et séminaires en lien avec la durabilité et la sécurité des ressources à l’échelle de la planète.

En pur produit de son milieu, Mounia a très tôt choisi une formation scientifique en phase avec les grandes questions qui secouent la Terre, notamment celles en rapport avec le réchauffement climatique, la hausse des catastrophes naturelles et l’augmentation inquiétante des émissions de CO2, quand bien même le monde entier s’accorde que la survie de la Planète bleue dépend du recours aux énergies propres.

Sur ce point précis, elle ne cache pas sa fierté d’appartenir à un pays qui, comme le Maroc, a été un des Etats pionniers à élaborer une vision prospective, précise et prometteuse en la matière, à la faveur d’énormes projets structurants visant à atteindre un mix énergétique de 52% de ses besoins à l’horizon 2030, ce qui permettra de réduire sensiblement, à la fois, sa dépendance énergétique et son empreinte carbone.

A ses yeux, dans le contexte de la crise d’énergie qui impacte aussi bien les sociétés que les individus, la transition énergétique, loin d’être un luxe ou un choix optionnel, est une nécessité urgente qui requiert la mobilisation de toutes ressources renouvelables disponibles pour générer une énergie eco-friendly.

Pour ce faire, soutient-elle, il est impératif de mettre en place une industrie locale dans ce domaine, d’investir davantage dans la recherche scientifique et d’éveiller la conscience collective à l’importance des énergies renouvelables comme solution alternative aux ressources fossiles.

Sur son intérêt pour les énergies renouvelables, Mounia confie qu’il s’agit d’une passion qu’elle a longtemps cultivée. Baccalauréat en poche, elle a intégré l’Ecole nationale des arts et métiers de Rabat (ENSAM) où elle a passé deux années, avant de rejoindre la faculté des sciences de Kénitra pour une licence professionnelle et un Master spécialisé dans les énergies renouvelables.

C’est là qu’elle a entamé sa recherche sur les énergies renouvelables et où elle a obtenu son doctorat dans un domaine qui, dit-elle, “quoique nouveau, est prometteur, ouvre d’énormes perspectives et n’a pas été suffisamment exploré, contrairement à l’énergie solaire”.

Cet engagement scientifique, ponctué par tant d’inventions, n’a pas tardé à être couronné par le Prix Green Talents qui lui a été remis par le ministère allemand de l’Enseignement et de la recherche scientifique en 2009.

Mounia, Ph-D en physique du laboratoire des systèmes électroniques, traitement de l’information, mécanique et énergétique, est la seule lauréate à avoir remporté ce Prix dans la région MENA sur 25 récipiendaires, en reconnaissance de sa capacité à allier compétence académique et engagement social en matière d’enseignement pour un développement durable.

“Une consécration qui me donne un élan moral et un souffle supplémentaire pour donner davantage”, précise humblement la lauréate.

Se présentant comme pur produit du système de l’enseignement public, Mounia aborde la question de la recherche scientifique au Maroc de deux manières. Selon elle, le pays dispose, d’un côté, de compétences créatives de haut vol qui n’ont rien à envier aux pays développés et qu’il faudrait soutenir et appuyer pour leur permettre de libérer leur potentiel en vue de contribuer aux efforts du développement. De l’autre côté, il faudrait revoir le faible budget alloué à la recherche scientifique qui impacte, selon elle, la qualité de la production, particulièrement dans les disciplines scientifiques qui requièrent équipements et soutien financier pouvant permettre aux chercheurs de participer à des conférences internationales en vue d’affûter leurs compétences et d’être en phase avec les expériences en cours dans le monde.

Songerait-elle pour autant à s’expatrier ailleurs ? Mounia laisse la porte entrouverte. Elle se dit “ouverte à toute opportunité” lui permettant de développer son projet et d’aiguiser davantage ses connaissances.

Elle rappelle comment, après le Prix Green Talents, elle a passé trois mois dans un laboratoire en Allemagne, aux côtés d’un professeur spécialiste de l’énergie et des économies énergétiques, à sonder comment le nouveau design des turbines éoliennes pourrait favoriser la production de l’hydrogène vert à usage individuel.

Cette collaboration fera l’objet d’un article à paraître dans une prestigieuse revue scientifique, assure la chercheuse, notant toutefois que cette “migration temporaire” lui a permis de prendre contact avec les expériences d’autres chercheurs de différents pays en lien avec les questions énergétiques.

L’histoire de Mounia, tout comme celle d’autres compétences marocaines, administre la preuve d’une latente success-story qui, enfouie au fin fond de tout individu confiant en ses capacités, n’attend que le déclic salvateur pour s’affirmer.

Fort de son ancrage historique, fier de son appartenance à cette Terre bénie, le génie marocain n’aura pas fini de surprendre : il s’inscrit dans la longue lignée de l’innovation et du renouveau.

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