Une catastrophe maritime en Grèce: Plus de 80 disparus après le naufrage d’un navire surchargé de migrants

Un bateau de pêche bondé de migrants cherchant à atteindre l’Europe a chaviré et coulé mercredi au large de la côte grecque, ont déclaré les autorités, laissant au moins 79 personnes mortes et de nombreuses autres disparues dans l’une des pires catastrophes de ce genre cette année.

La garde côtière, la marine et les navires marchands ainsi que les avions se sont déployés pour une vaste opération de recherche et de sauvetage qui devait se poursuivre pendant la nuit. On ne sait pas combien de passagers étaient portés disparus, mais certains rapports initiaux suggéraient que des centaines de personnes auraient pu être à bord lorsque le bateau a sombré loin des côtes.

Une photographie aérienne du navire bleu malmené, publiée par la garde côtière grecque, montrait des dizaines de personnes couvrant pratiquement chaque centimètre du pont.

Le Premier ministre intérimaire grec, Ioannis Sarmas, a déclaré trois jours de deuil national, « en pensant à toutes les victimes des passeurs impitoyables qui exploitent le malheur humain ».

Le porte-parole de la garde côtière, Nikos Alexiou, a déclaré à la chaîne de télévision publique ERT qu’il était impossible d’estimer précisément le nombre de passagers. Il a déclaré qu’il semblait que le navire de 25 à 30 mètres de long avait chaviré après que les personnes à bord se soient déplacées brusquement d’un côté.

« Le pont extérieur était rempli de gens, et nous présumons que l’intérieur (du navire) était également plein », a-t-il dit. « On dirait qu’il y a eu un déplacement parmi les personnes entassées à bord, et il a chaviré ».

Une déclaration de la garde côtière a déclaré que les efforts de ses propres navires et des navires marchands pour aider le bateau avaient été rejetés à plusieurs reprises, les personnes à bord insistant pour vouloir continuer vers l’Italie. Les responsables de la garde côtière ont déclaré que les moteurs du chalutier étaient tombés en panne vers 1h40 du matin mercredi, et un peu moins d’une heure plus tard, le navire a commencé à se pencher brusquement d’un côté à l’autre avant de chavirer.

Le navire a sombré 10 à 15 minutes plus tard, indiquait la déclaration.

Ioannis Zafiropoulos, adjoint au maire de la ville portuaire de Kalamata, où les survivants ont été emmenés, a déclaré que selon ses informations, il y avait « plus de 500 personnes » à bord.

Les autorités ont déclaré que 104 personnes avaient été secourues après le naufrage dans les eaux internationales, à environ 75 kilomètres (45 miles) au sud-ouest de la péninsule grecque du Péloponnèse. L’endroit est proche de la partie la plus profonde de la mer Méditerranée, et des profondeurs pouvant atteindre 5 200 mètres (17 000 pieds) pourraient entraver tout effort visant à localiser un navire coulé.

Vingt-cinq survivants âgés de 16 à 49 ans ont été hospitalisés pour hypothermie ou fièvre.

Au port de Kalamata, près de 70 survivants épuisés se sont installés dans des sacs de couchage et des couvertures fournies par les secouristes dans un grand entrepôt, tandis que des paramédicaux ont installé des tentes à l’extérieur pour ceux qui avaient besoin de premiers soins.

Katerina Tsata, responsable d’un groupe de volontaires de la Croix-Rouge à Kalamata, a déclaré que les migrants bénéficiaient également d’un soutien psychologique.

« Ils ont subi un coup très dur, à la fois physique et mental », a-t-elle dit.

Constantinos Vlachonikolos, bénévole de secours, a déclaré que presque tous les survivants étaient des hommes.

« Ils étaient très épuisés. Comment pourraient-ils ne pas l’être ? » a-t-il dit. Les secouristes ont déclaré que beaucoup de personnes récupérées de l’eau ne savaient pas nager et se cramponnaient à des débris. La garde côtière a déclaré que personne ne portait de gilet de sauvetage.

La garde côtière grecque a déclaré avoir récupéré 79 corps jusqu’à présent. Les survivants comprenaient 30 Égyptiens, 10 Pakistanais, 35 Syriens et deux Palestiniens, a indiqué l’agence.

On pense que le bateau en direction de l’Italie a quitté la région de Tobrouk, dans l’est de la Libye – un pays plongé dans le chaos après une révolte soutenue par l’OTAN qui a renversé et tué le dictateur Moammar Kadhafi en 2011.

Les passeurs ont profité de l’instabilité et ont fait de la Libye l’un des principaux points de départ des personnes tentant de rejoindre l’Europe à bord de bateaux de passeurs.

La route de l’Afrique du Nord vers l’Italie à travers la Méditerranée centrale est la plus meurtrière au monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui a enregistré plus de 21 000 décès et disparitions depuis 2014.

Les passeurs utilisent des bateaux impropres à la navigation et entassent autant de migrants que possible à l’intérieur – parfois à l’intérieur de cales verrouillées – pour des voyages qui peuvent durer plusieurs jours. Ils se dirigent vers l’Italie, qui se trouve directement de l’autre côté de la Méditerranée par rapport à la Libye et à la Tunisie, et beaucoup plus près que la Grèce des pays d’Europe occidentale que la plupart des migrants espèrent rejoindre un jour.

En février, au moins 94 personnes sont décédées lorsque un bateau en bois en provenance de Turquie a sombré au large de Cutro, dans le sud de l’Italie, dans le pire naufrage en Méditerranée cette année.

La garde côtière italienne a d’abord alerté les autorités grecques et l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, de l’approche d’un navire mardi.

L’OIM a déclaré que les premiers rapports suggéraient qu’il y avait jusqu’à 400 personnes à bord. Un réseau d’activistes a déclaré avoir reçu un appel de détresse d’un bateau dans la même zone, dont les passagers auraient déclaré qu’il transportait 750 personnes. Mais il n’était pas clair s’il s’agissait du navire qui a coulé.

Après cette première alerte, les avions de Frontex et deux navires marchands ont repéré le bateau se dirigeant vers le nord à grande vitesse, selon la garde côtière grecque, et d’autres avions et navires ont été envoyés dans la région.

Mais les appels répétés au navire proposant de l’aide ont été déclinés, a déclaré la garde côtière dans un communiqué.

« Dans l’après-midi, un navire marchand s’est approché du navire et lui a fourni de la nourriture et des fournitures, tandis que les (passagers) ont refusé toute autre assistance », a déclaré la garde côtière. Un deuxième navire marchand a ensuite offert plus de provisions et d’aide, qui ont été refusées, a ajouté l’agence.

Le soir, un bateau de patrouille de la garde côtière a atteint le navire « et a confirmé la présence d’un grand nombre de migrants sur le pont », a indiqué le communiqué. « Mais ils ont refusé toute assistance et ont déclaré vouloir continuer vers l’Italie ».

Le bateau de la garde côtière a accompagné le navire de migrants et a ensuite dirigé une importante opération de sauvetage par tous les navires de la région.

Alarm Phone, un réseau d’activistes qui fournit une ligne d’urgence aux migrants en difficulté, a déclaré avoir été contacté par des personnes à bord d’un bateau en détresse mardi après-midi. Ce bateau se trouvait dans la même zone générale que celui qui a coulé, mais on ne sait pas s’il s’agit du même navire.

L’organisation a informé les autorités grecques et Frontex. Dans une communication avec Alarm Phone, les migrants ont signalé que le navire était surchargé et que le capitaine avait abandonné le navire sur un petit bateau, selon le groupe. Ils ont demandé de la nourriture et de l’eau, qui ont été fournies par un navire marchand.

« Nous craignons que des centaines de personnes aient péri », a déclaré Alarm Phone dans un communiqué.

Le naufrage le plus meurtrier de la Méditerranée dans les mémoires récentes s’est produit le 18 avril 2015, lorsqu’un bateau de pêche surchargé transportant des centaines de migrants a chaviré au large des côtes libyennes. Près de 800 personnes sont mortes dans cette tragédie.