Monde

Tribunal de Perpignan : le trafiquant avait réussi à se démenotter et à prendre le volant de la voiture de la BAC, traînant à 95 km/h un policier accroché à la portière

À la suite de la découverte de 79 kg de cannabis, de liasses de billets et d’un pistolet-mitrailleur aux domiciles de ses proches et après qu’il a tenté de s’échapper avec la voiture des policiers le 27 septembre, l’homme était jugé en comparution immédiate ce mardi 31 octobre 2023 devant le tribunal correctionnel de Perpignan. Sa sœur et son ex-compagne devaient répondre de non justification d’un train de vie supérieur à leurs revenus déclarés. 

Dans le box du tribunal correctionnel de Perpignan, Rachid Z., un petit sec de 34 ans, finit par écraser quelques larmes sur sa vie difficile et son passage à vide. L’antithèse de sa réputation de « pourvoyeur de drogue attitré de la cité Clodion et d’autres points de deal de Perpignan ». 

Le 27 septembre, un renseignement arrive à un policier de la BAC (brigade anti-criminalité). Selon le message, plusieurs individus feraient des allers-retours suspects, chargés de gros sacs, dans un immeuble de la cité Clodion, où vit précisément la famille de Rachid Z. Une descente est déclenchée. Malgré une présence évidente, personne n’ouvre dans l’appartement. La police enfonce la porte. Et la découverte est à la hauteur des soupçons. L’appartement F4 est truffé de stupéfiants. Alors que deux enfants en larmes sont présents sur les lieux, dans une pièce les policiers découvrent plusieurs pains de cannabis. Plus loin, dans une chambre en travaux, ils trouvent six cartons renfermant plusieurs autres dizaines de savonnettes, puis neuf autres dans le bac à légumes du réfrigérateur et, près de la remise, des centaines de sachets de conditionnement usagés.  Au total,  79 kg de résine et pollen de cannabis.

Et ce n’est pas fini. Dans un petit coffre dans le couloir, ils mettent au jour quantité de bijoux, 14 colliers, 38 bagues… Sans compter, 23 050 € en petites coupures dans la table de chevet de la sœur du mis en cause. Des ressources et un train de vie qui, selon les poursuites engagées contre elle, ne correspondent pas aux revenus déclarés par cette trentenaire, préposée à la Poste depuis juillet. « Je savais que mon frère trempait un peu dedans, mais je ne savais pas qu’il y en avait autant dans l’appartement », se défend-elle. « L’argent, ce sont mes économies. Je travaille, depuis que j’ai 15 ans, comme intérimaire dans plusieurs boîtes ». « Peu convaincant », estime le président.

Mais ce 27 septembre, Rachid Z. n’est pas sur place. Les forces de l’ordre décident d’aller le « loger » au domicile de son ex-compagne et mère de ses trois enfants (également poursuivie pour non-justification de ressources) à Saint-Estève. Au-delà des vêtements et parfums de marque… la fouille débusque aussi près de 200 g de cannabis au milieu des jouets des petits, des liasses de billets, des morceaux de défenses d’animaux en ivoire (qui font l’objet d’une autre procédure) et dans le garage, accessible à toute la famille, un pistolet-mitrailleur Beretta modifié et une vingtaine de munitions de 9 mm. « Rachid est passé dans l’après-midi, je suppose qu’il a tout déposé là », explique l’ancienne concubine. Tandis que l’intéressé prend la fuite au fond du jardin.

 » Dans la voiture, je me sentais étouffé. J’ai essayé de partir pour respirer »

Il  saute sur le siège passager d’un complice qui démarre sur les chapeaux de roues. Course poursuite par le chemin de Neyguebous. Les policiers sortent les gyrophares. Le conducteur accélère de plus belle, puis stoppe dans un champ, laissant Rachid Z. s’échapper à pied. Les agents le rattrapent, il se rebiffe, ils le collent au sol, puis le menottent et l’installent sur la banquette arrière du véhicule de police. Les agents sont toujours à l’extérieur. En une fraction de seconde, le suspect parvient à se défaire de ses menottes, saute au volant de la voiture et enclenche la première en trombe, fonçant sur un des policiers qui se jette sur le bas-côté. Son collègue s’accroche à la portière, traîné sur 250 mètres, le compteur affiche 95 km/h, mais il parvient à se hisser dans l’habitacle, à saisir le mis en cause qui le repousse tout en poursuivant sa route. Le policier l’attrape par le cou, lui plaque la tête contre la vitre et parvient enfin à actionner le frein à main. 

 » Dans la voiture, je me sentais étouffé. J’ai essayé de partir pour respirer », explique-t-il face au tribunal. « J’ai paniqué, j’ai eu peur. Je sais pas pourquoi il y a ce truc-là qui m’est passé dans la tête ». Pour le reste, la drogue et le pistolet semi-automatique, il le reconnaît, tout est à lui. Quant à savoir où il s’est procuré cette arme ? « De la personne qui me l’a donnée… » Il s’arrêtera là. En récidive, car déjà condamné pour trafic de stupéfiants, le prévenu, défendu par Me Fabien Large, écope de 5 ans de prison ferme selon les réquisitions du parquet. Sa sœur, assistée par Me Majid Diab, est condamnée à 2 ans avec sursis et son ex-compagne, défendue par Me Laurent Maynard, est relaxée (6 mois avec sursis avaient été requis). 

Deux policiers, représentés par Me Philippe Capsié, se sont constitués partie civile. 

Media7

Media 7, votre source d’actualités en ligne. Notre mission est de fournir des informations précises, impartiales et à jour sur les événements nationaux et internationaux qui comptent pour vous.
Bouton retour en haut de la page