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Rennes-les-Bains : Menacés d’expulsion, un collectif d’éco-citoyens cherche à défendre son mode de vie proche de la nature

Les membres du collectif « Notre Terre » défendent leur droit à vivre comme ils l’entendent sur leurs terrains. Contrôlés par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ils craignent d’être expulsés, alors que certains vivent là depuis près de 20 ans. Ils organisent une journée de sensibilisation et de débat citoyen.

À première vue, les forêts qui bordent Rennes-les-Bains ressemblent à beaucoup d’autres. Des arbres à perte de vue, quelques oiseaux qui s’échappent des cimes… rien ne laisse présumer que des personnes ont élu domicile ici. À part parfois une boîte aux lettres comme perdue en bord de route.

Gaël a construit de ses mains sa yourte. Fils d’agriculteur, il s’est professionnalisé dans la fabrication d’éco lieux comme celui-ci et dispense même des formations. « J’ai mené plusieurs projets collectifs d’éco lieux avant d’acheter ce terrain, raconte-t-il. J’ai besoin de vivre au coeur de la nature, de vivre en harmonie avec la terre qui nous entoure, nous nourrit. De me reconnecter à l’essentiel. »

Vivre en autonomie sur leur propre terrain

Au moins une vingtaine de personnes vivent là, à la fois indépendantes les unes des autres, et liées « dans un esprit de partage et de solidarité ». Beaucoup sont propriétaires du terrain qu’ils occupent, et ont choisi de tendre « vers une autonomie alimentaire et énergétique », de « construire un futur durable avec des techniques naturelles respectueuses de la terre ». Certains sont là depuis plus de 20 ans.

Alors qu’ils n’avaient « jamais été embêtés » jusque-là, le 28 septembre dernier la préfecture est venue effectuer un contrôle sur leurs habitats. Le but : vérifier qu’ils correspondaient bien aux réglementations des « habitations légères de loisirs », définies par le code de l’urbanisme comme « des constructions démontables ou transportables, destinées à une occupation temporaire ou saisonnière à usage de loisirs ».

Un contrôle incompris

« En tout il y avait cinq ou six experts de la DDTM et une trentaine de gendarmes, du Psig et des renseignements généraux », raconte Gaël. Lui assure respecter la définition des habitations légères. « Une des expertes de la DDTM m’a demandé pourquoi je n’avais pas fait de demande d’autorisation préalable, indique-t-il. Mais je l’ai faite justement. Seulement je n’ai pas eu de réponse. »

Craignant de voir leur habitat détruit et leur vie basculer, les membres de cet « écovillage » se sont regroupés dans un collectif appelé « Notre Terre ». Ils entendent défendre leur mode de vie, et ses « lieux écologiques à la fois privés et collectifs » sur lesquels ils vivent tout en « travaillant sur des terres dont ils ont besoin ». 

Le collectif assure « couper et ramasser son propre bois mort » pour se chauffer l’hiver, et « se baigner dans les rivières » au lieu d’utiliser des climatiseurs l’été. Ils défendent leur droit à expérimenter « une manière de vivre soutenable », basée sur « la décroissance », dans le respect de la nature.

Sensibiliser le public

Surtout, ils estiment vivre dans le respect de la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (Alur), et demandent la mise en place officielle d’un Secteur de taille et capacité d’accueil limitées (Stecal) dans le plan local d’urbanisme. « La structure actuelle des plans d’occupation des sols ne prévoit de zone constructible qu’à proximité des villages, indique « Notre Terre », alors qu’un éco-lieu a vocation à s’installer dans un site nouveau ou à l’écart. » 

Pour sensibiliser le plus de monde possible à leur cause, et surtout créer du dialogue notamment avec les élus, le collectif organise une « fête de la sobriété heureuse et de la souveraineté locale » le samedi 28 octobre. Une visite des lieux de vie, des conférences et un débat citoyen doivent ouvrir le dialogue sur le fait « d’habiter un territoire de manière saine et respectueuse et de bâtir ensemble de nouveaux modèles ».

Contactée, la préfecture n’a pas pu répondre à nos questions dans les délais fixés.

L’événement vise à informer le public sur ces types d’habitats.
DR

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