Perpignan : « Ce qu’on vit à la résidence El Vivès, on ne voit ça que dans les films »

Depuis quelques semaines, les habitants de El Vivès, dans le quartier du Vernet à Perpignan dénoncent un climat délétère au sein de leur cité. En cause, le déplacement du point de deal des Oiseaux, dans leur quartier.

Un peu plus tôt dans l’année, la cité des Oiseaux, gangrenée depuis longtemps par un trafic de drogue, a connu descente de police sur descente de police, des opérations menées conjointement par les équipes nationale et municipale. En quelques mois, le quartier débarrassé de ses dealers a retrouvé une relative tranquillité.

« Mais la nature n’aime pas le vide », ont commenté deux observateurs du dossier. À la place de la nature, ce sont les points de deal que les habitants de la résidence El Vivès à Perpignan, dans le quartier du Vernet, ont vu fleurir dans leur cité. « Ça fait un moment que ça dure. Mais ce mois-ci particulièrement, c’est devenu un vrai western », explique un habitant de la résidence El Vivès, dans le quartier du Vernet à Perpignan. Cet habitant restera anonyme. Car lui, comme ses voisins sont « terrorisés ». Ils ont pourtant tenté de faire quelque chose.
Mercredi après-midi, une poignée de mamans habitant El Vivès sont allées confronter la vingtaine de dealers qui sévissent dans leur quartier. Mercredi soir dernier, un peu plus de monde devait se joindre à elles. L’opération a finalement avorté : « Ils ne les ont pas seulement menacées elles, mais aussi leur famille. On ne peut pas parler avec eux. Ceux qui ont tenté n’ont essuyé que des menaces, voire ont vu leur voiture brûler ».

Certaines personnes dans la cité envisagent même de prendre les armes et de faire justice elles-mêmes

Les habitants du quartier dénoncent une situation largement dégradée : « Ils ont barricadé la résidence, on est obligé de slalomer entre les déchets pour y accéder. Ça vise à empêcher les policiers de passer, mais ça nous impacte aussi. Sans compter les rodéos toute la journée, qui font qu’on ne peut même pas ouvrir les fenêtres. Ce qu’on vit, on ne voit ça que dans les films ».

Les forces de l’ordre en sont bien conscientes, la situation à El Vivès est compliquée : « Notre action, couplée à celle de la PM a permis de faire cesser le trafic aux Oiseaux. Mais le deal s’est transféré vers cette résidence. On travaille dessus », assure-t-on du côté de la police nationale. Vendredi dernier, une action de la brigade anticriminalité de Perpignan a permis d’interpeller deux dealers qui revenaient du centre-ville pour alimenter le four d’El Vivès. Les personnes appréhendées ont été retrouvées en possession de 2,2 kg de résine de cannabis ainsi qu’une arme de poing.

Malgré ces actions, les habitants sont inquiets : « On en attrape deux, deux reviennent. On est désemparé. Et ce qui nous inquiète, c’est que certaines personnes dans la cité envisagent même de prendre les armes et de faire justice elles-mêmes ».