Manar Belfqih, la « Moroccan touch » dans le monde de l’intelligence économique

Entrepreneure dans l’âme, Manar Belfqih semble bien déterminée à emboîter le pas aux leaders du monde de l’intelligence économique. Son credo : contribuer à la sauvegarde de la souveraineté numérique du Maroc, qui a un impact direct sur l’économie et sur l’emploi.

Inspirée par les défis posés par l’évolution numérique et les menaces cybernétiques, Manar Belfqih a co-fondé la start-up “Atlas Moroccan Computers”, un projet qui vise à développer une solution numérique marocaine pour une transition numérique inclusive et anticipative, respectant la souveraineté des données et répondant aux besoins de toutes les couches sociales.

Avec son équipe, elle développe le premier ordinateur doté d’un système d’exploitation “marocain”, baptisé “Atlas”, avec des applications marocaines et une conception solide en matière de protection des données, fonctionnant en quatre langues (arabe, amazigh, français et anglais).

“Il s’agit d’apporter une solution de hardware et de software marocaine, mettre sur le marché différentes gammes pour répondre aux besoins de toutes les classes sociales, et faire la promotion des marques marocaines, et uniquement marocaines”, révèle cette jeune femme originaire de Kénitra, dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion de la Journée internationale de la Femme.

Cette solution numérique veut également mettre à disposition une panoplie d’outils qui n’ont pas besoin d’une connexion internet, pour l’apprentissage et le développement de compétences de tout genre, et mettre en place des applications qui ne profilent pas les gens à travers la captation de données, précise Manar Belfqih.

Par ailleurs, ce système veut stocker toutes les données à l’intérieur du territoire national et offrir une solution à la fois en latin, en arabe et en amazigh.

Une future leader marocaine

Son parcours, tant académique que professionnel, force le respect, révélant une forte volonté et une ambition sans faille à s’imposer en matière d’intelligence économique qui est, de nos jours, un domaine d’une importance cruciale.

“L’idée de me lancer dans l’entrepreneuriat m’est venue après avoir réalisé que les cabinets d’IE au Maroc optaient plus pour des stratégies défensives (du type, mise en place de veilles économiques, généralement sur les médias avec production de rapports et de notes), plutôt que d’opter pour une stratégie offensive (basée sur le renseignement d’affaires, l’influence, la due diligence, etc.)”, précise Manar Belfqih.

Avec son allure formelle et sa complexité manifeste, elle démontre déjà des qualités de future leader marocaine avec une soif de connaissance, qui l’a poussée au-delà des bancs de l’Ecole nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Kénitra.

C’est en France qu’elle élargit son horizon, décrochant avec brio une licence en droit, économie et gestion, avant de se plonger dans les arcanes de l’économétrie.

Sa quête de savoir ne s’arrêtant pas là, elle obtient un master en management et marketing international, couronnée par un MBA ainsi qu’une spécialisation en stratégie et intelligence économique.

Spécialiste marocaine du renseignement d’affaires

Le rêve de s’imposer davantage dans le monde de l’IE a poussé Manar Belfqih à fonder MCBI (Moroccan Center for Business Intelligence), un cabinet de conseil et de formation offrant des prestations de conseil notamment en renseignement d’affaires.

“C’est un métier majeur de l’intelligence économique qui consiste à identifier toutes les informations, les données nécessaires pour la mise en place ou l’accompagnement d’un business”, explique-t-elle, notant que dans le cadre de MCBI, “nous accompagnons les entreprises africaines ou étrangères souhaitant mettre un pied en Afrique”.

L’approche du MCBI, décrite par Manar Belfqih comme défensive, contraste avec la tendance observée dans la majorité des cabinets de conseil marocains.

“Il est aujourd’hui capital de sensibiliser quant aux enjeux de l’intelligence économique, qui sont intimement liés à ceux de la souveraineté numérique. Rappelons que le noyau de l’IE est l’information et donc la donnée. Comment l’identifier ? La vérifier ? L’utiliser ? La protéger ? C’est le cœur de métier du MCBI”, a-t-elle conclu.