L’Épargne, pilier incontournable de la prospérité économique

Par Zineb Bouazzaoui

La Journée mondiale de l’épargne, célébrée chaque année le 31 octobre, se veut une occasion pour sensibiliser aux avantages de l’épargne en tant que filet de sécurité et réserve pour les projets futurs.

Souvent considérée comme un moteur de la croissance économique par les experts, l’épargne constitue un outil de gestion financière personnelle et un moyen de préparation à l’avenir indispensable pour le bon fonctionnement de l’économie d’un pays.

Selon les récents chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux d’épargne intérieure au Maroc devrait se situer à 20,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2024 au lieu de 20% prévu pour l’année en cours, en amélioration par rapport à 18,8% du PIB enregistré en 2022.

Ainsi, l’épargne nationale devrait atteindre 28,1% du PIB durant l’année prochaine, contre 27,8% du PIB en 2023 et 26,8% en 2022 et ce, en tenant compte des revenus nets en provenance du reste du monde qui devraient représenter près de 7,5% du PIB, précise le HCP dans son Budget économique exploratoire 2024.

Des chiffres démontrant l’importance de cette épargne qui revêt un caractère stratégique en matière de stabilité économique. C’est ce qu’a affirmé Abderrazak El Hiri, enseignant-chercheur à l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès, tout en soulignant que ce caractère apparaît à travers sa prise en compte dans le calcul de l’indice de confiance des ménages dans le cadre de l’enquête permanente de conjoncture réalisée par le HCP.

“Il en découle que la perception des ménages quant à leur capacité à constituer une épargne est un des paramètres de visibilité macroéconomique”, a-t-il indiqué dans une déclaration à la MAP, notant que le niveau de l’épargne nationale brute au Maroc a enregistré une tendance à la baisse entre 2021 et 2022, en raison de la conjugaison d’un ensemble de facteurs dont notamment les effets de la crise sanitaire, la sécheresse ,et surtout la flambée des prix enregistrée au cours des derniers mois.

Pour ce qui est de l’épargne des ménages, elle a suivi la même tendance, passant d’environ d’environ 124 milliards de dirhams (MMDH) en 2020 à moins de 110 MMDH en 2022 et de 15,6% à 12% du revenu disponible brut durant la même période. Cela s’est traduit par une augmentation du besoin de financement de l’économie nationale, passant de moins de 30 MMDH en 2021 à près de 47 MMDH en 2022, a expliqué M. El Hiri qui est également Directeur du Laboratoire de Coordination des Études et des Recherches en Analyses et prévisions Économiques (CERAPE).

M. El Hiri a relevé que la promotion de l’épargne passe nécessairement par la garantie de la stabilité macroéconomique et surtout par la maîtrise de l’inflation, ce qui se traduit automatiquement par la création de conditions favorables à des perspectives économiques prometteuses.

Par ailleurs, l’atteinte des objectifs tracés par la stratégie nationale d’inclusion financière serait d’un appui considérable au développement de l’épargne nationale.

La stabilité macroéconomique renvoie à la nécessité de réaliser les principaux objectifs de la politique économique, notamment la croissance, la réduction du chômage, la stabilité des prix, l’équilibre extérieur et la stabilité du taux de change, a-t-il soutenu, notant que l’importance de la formation de l’épargne dans ce cadre réside dans son rôle de financement de l’activité économique, que ce soit à travers les mécanismes de la finance indirecte ou de la finance directe.

Pour sa part, l’économiste Mohamed Jadri a affirmé que l’épargne est cruciale pour toute économie car elle permet de financer les actions d’investissement public et privé.

Grâce à l’épargne des ménages et des entreprises, l’Etat marocain à titre d’exemple, peut émettre des obligations pour les institutions financières, lui fournissant ainsi la liquidité nécessaire pour investir dans des projets socio-économiques.

M .Jadri souligne l’importance d’atteindre un équilibre dans ce domaine, car un excès d’épargne peut entraver la consommation, tandis qu’une épargne insuffisante peut entraver l’investissement

Selon les données du HCP, seuls 2% de la population marocaine ont réussi à épargner au cours des trois derniers mois, et seuls 9,8% estiment pouvoir épargner au cours des 12 prochains mois malgré l’inflation en hausse.

L’épargne, en tant que pilier fondamental de l’économie, facilite le financement des investissements, soutient la stabilité financière, génère de la richesse, diminue la dépendance aux prêts, favorise la planification de la retraite, encourage l’investissement dans l’éducation et la formation, tout en offrant une résilience face aux chocs économiques.

Pour ces raisons, la promotion de l’épargne, tant au niveau individuel que national, est impérative pour garantir une économie robuste et prospère à long terme.