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La maison de cette Limouxine menace de s’effondrer : victime de multiples arnaques, elle en appelle à la solidarité

En raison de « travaux non honorés » et « d’artisans véreux », Mélanie* doit faire détruire la maison qu’elle a achetée il y a à peine deux ans. Classée « dangereuse » du sol au plafond par les experts, elle doit être détruite et reconstruite. Une opération extrêmement onéreuse : la mère de famille se retrouve sans recours possible.

C’est une histoire digne d’un film catastrophe, presque impossible à croire. Pourtant, pour Mélanie* et sa famille, c’est leur quotidien depuis deux ans. En juin 2021, elle croit démarrer une nouvelle vie en s’installant avec ses enfants et son nouveau compagnon dans un petit village du Limouxin. 

Après deux visites lors du confinement, la petite famille achète une maison à un particulier. Bien que le bien immobilier soit encore meublé lors de ces visites, le couple relève quelques travaux à faire. Niveler le terrain, refaire le placo, changer une fenêtre et la porte d’entrée… « Le propriétaire disait être gérant d’une entreprise de BTP, et on s’est arrangé avec lui pour qu’il fasse les travaux », souligne Mélanie. Elle vérifie : l’entreprise en question existe bel et bien. Confiant, le couple signe. 

Le jour de l’emménagement, la famille est retardée par une panne de voiture. Arrivés à la nuit tombée, ce n’est que le lendemain qu’ils découvriront l’ampleur des dégâts. Et que le cauchemar débute.

L’artisan du BTP est en réalité chauffeur routier

« Aucun des travaux n’a été fait, raconte Mélanie. On a commencé par clôturer en urgence notre jardin pour nos chiens : les piquets étaient plantés à l’envers et le grillage ne touchait pas le sol. » La mère de famille raconte que le lave-vaisselle était « branché à un domino », que les plafonniers avaient des fils apparents, et qu’en guise de porte d’entrée le propriétaire avait installé une porte de service.

Impossible d’ouvrir la fenêtre sans arracher le portant.
DR – DR

« Dans un des escaliers il n’y avait aucun placo ni isolation. La fenêtre qui devait être changée est juste posée, l’air passe. Je ne peux pas la fermer sans risquer de faire sauter l’encadrement. Je dois mettre des couvertures pour essayer de boucher. »

Un comble pour le couple qui avait pourtant fait un virement préalable de 1128 euros, soit la majorité des 1478 convenus. Ils engagent immédiatement une procédure judiciaire contre le vendeur. « Lors de la visite de la maison avec les avocats et l’expert architecte, il a reconnu avoir ouvert son entreprise BTP avec les diplômes de son beau-père. » Lui-même serait en réalité chauffeur routier.

Arnaqués par deux entreprises

L’infortune de Mélanie et sa famille ne s’arrête pourtant pas là. En août 2021, quelques mois après leur arrivée, des pluies diluviennes s’abattent sur le Limouxin. « Il s’est mis à pleuvoir dans la maison », souligne Mélanie qui découvre donc que la toiture elle aussi est défaillante. « À ce moment-là nous n’avons eu aucune réponse du propriétaire, et le notaire nous a dit que c’était notre faute, que nous n’avions qu’à vérifier. » Lequel aurait à son tour refusé toute communication.

Le 1er propriétaire aurait tout construit de ses mains, sans aucune qualification.

Le 1er propriétaire aurait tout construit de ses mains, sans aucune qualification.
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Mais entre le crédit de la maison et celui pour faire les travaux internes en urgence, le couple se retrouve en difficulté financière. Pour éviter de « se faire avoir une nouvelle fois », ils cherchent des entreprises de confiance sur travaux.com, qui dit procéder à des vérifications. Une entreprise accepte le chantier moyennant le paiement des matériaux et une avance de 1 300 euros, puis des mensualités de 300 euros. « C’était une bonne solution, car de toute façon on ne pouvait plus faire de crédit. »

Le toit menace de s'effondrer en raison d'une poutre inadaptée.

Le toit menace de s’effondrer en raison d’une poutre inadaptée.
DR – DR

Ils ont retiré toutes les tuiles… et ils sont partis. ça fait un an et demi qu’on vit sans toit.

Après avoir encaissé un premier chèque, l’entreprise arrive en octobre. « Là ils ont retiré toutes les tuiles… et ils sont partis. Résultat : ça fait un an et demi qu’on vit sans toit. » Les tuiles de taule et l’amiante servant d’isolant sont exposés, sans bâche. « L’eau, la chaleur, le froid… on subit tout. »

À l’intérieur, l’état de la maison s’aggrave : les plafonds s’effondrent, les fenêtres aussi. La partie que le couple comptait louer pour financer son crédit n’est plus habitable. « Début 2023, on a réussi à faire venir une autre entreprise.pour refaire au moins le toit, indique Mélanie. Mais là encore ils ont fait du mauvais travail. »

En effet, la maison repose sur une poutre installée par le 1er propriétaire. « En voyant cette poutre, l’expert mandaté par la justice nous a dit que la seconde entreprise aurait dû soit faire le toit en changeant la poutre ou refuser de le faire sur une poutre en si mauvais état.  » Contacté, un élu de la commune concerné confirme : les deux entreprises auxquelles le couple a eu à faire ont déjà « posé problème » sur d’autres chantiers.

A cause de la pluie, l’intérieur de la maison devient invivable.

A cause de la pluie, l’intérieur de la maison devient invivable.
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200 000 euros de crédit pour une maison à raser

Ce n’est qu’en juillet 2023 que le couple a reçu la visite de cet expert architecte, mandaté par la justice. En présence de leur avocate, de l’ancien propriétaire et de son avocat (qui n’a pas donné suite à nos demandes d’interview), celui-ci a fait le tour de la maison.

Elle peut s’écrouler soit par le plafond soit par la terrasse.

Deux entreprises ont arnaqué le couple qui voulait refaire le toit.

Deux entreprises ont arnaqué le couple qui voulait refaire le toit.
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Son verdict a été sans appel. « Il a classé la maison en état de grand risque, indique Mélanie. En fait elle peut s’écrouler soit par le plafond soit par la terrasse qui comporte elle aussi de gros défauts. » Le couple devrait donc louer le temps que la maison soit rasée puis reconstruite en totalité. « Pour nous c’est impossible financièrement puisque nos crédits continuent, et le relogement est compliqué car nous avons des animaux dont nous ne pouvons nous séparer. »

Il faudrait un miracle.

Le couple devrait donc continuer de payer un crédit de 200 000 euros, financer la destruction puis la reconstruction de sa maison tout en payant un loyer à côté le temps des travaux. « J’ai demandé de l’aide à l’Adil, à la Banque de France, à l’assistante sociale. Toutes les portes se ferment. Je n’ai aucun recours. » D’autant que les procédures judiciaires sont encore en cours, et qu’après toutes ces arnaques Mélanie ne sait plus qui contacter.

Une parti d'un escalier était sans plafond.

Une parti d’un escalier était sans plafond.
DR – DR

Une cagnotte a été mise en ligne pour soutenir le couple, qui vit avec les deux enfants de Mélanie, âgés de 15 et 11 ans. Pour la mère de famille, la solidarité des habitants et des associations, du Limouxin et d’ailleurs est son dernier espoir. Mais avec le temps, elle n’y croit plus trop. « Il faudrait un miracle. »

*Le prénom a été modifié par respect d’anonymat.

 Cagnotte sur « on participe.com », intitulée « Une maison pour nous » ou https://www.onparticipe.fr/c/QBYdIUaq

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