Entrevue avec le Président-Directeur Général de Figeac Aero sur l’Aéronautique
Propos recueillis par Zin El Abidine TAIMOURI.
Le Président-Directeur Général (PDG) de Figeac Aero, Jean-Claude Maillard, a accordé un entretien à la MAP, sur le bilan des activités au Maroc et des perspectives de développement du groupe spécialisé dans l’usinage de pièces aéronautique.
1- Quel regard portez-vous sur l’industrie aéronautique marocaine ?
Les Marocains se donnent de gros moyens pour développer leur industrie aéronautique. Le gouvernement soutient à plusieurs niveaux les industriels désireux de s’implanter dans ce secteur.
Au Maroc, nous avons des formations spécifiques dans l’industrie aéronautique qui préparent la main d’œuvre et la matière grise de demain pour répondre aux besoins des industriels.
Pour que l’industrie continue de se développer, les donneurs d’ordres installés au Maroc devraient davantage acheter localement pour promouvoir une supply chain plus simple que celle dont ils disposent aujourd’hui.
La quasi totalité des industriels qui interviennent dans la conception de sous-ensembles d’avions font venir les pièces d’Europe ou des Etats-unis pour les assembler au Maroc.
Demain, ces pièces ne viendront plus de l’étranger mais seront produites au Maroc, ce qui augure de grandes perspectives de développement pour l’industrie nationale.
2- Quels sont les facteurs de compétitivité qui vous ont encouragé à investir au Maroc en 2015 avec la création de Figeac Aero Maroc ?
Le coût a été notre première motivation au départ sans que le Maroc ne soit le pays le moins cher du monde. Il y a d’autres facteurs d’attractivité pour les investisseurs comme le savoir-faire et les ressources humaines qualifiées et attachées à leur pays, qui ne souhaite pas s’expatrier pour travailler.
Je suis enchanté du niveau des ressources humaines marocaines, et enchanté de la performance des cols bleus mais aussi des cols blancs.
Nous rencontrons beaucoup de jeunes très bien formés et motivés, qui parlent au moins le français et l’anglais en plus de leur langue maternelle, ce qui est fabuleux. La communication avec eux est excellente, autant que le niveau technique et intellectuel.
3- Quelle est la place du Maroc dans la stratégie globale de Figeac Aero qui opère aujourd’hui dans plus de 5 pays à travers ses différentes filiales ?
Aujourd’hui, le Maroc n’a pas encore la place qu’il mérite. En mars 2023, nous aurons réalisé un chiffre d’affaires (CA) global de 330 millions d’euros dont 25 millions seulement au Maroc, soit 8%. Ce n’est pas assez, je souhaite qu’à moyen/long terme nous puissions faire 25% de notre CA sur le territoire national.
Figeac Aero retrouvera assez vite son CA d’avant crise autour des 450 millions d’euros. Nous devrions réaliser une cinquantaine de millions dans les mêmes délais au Maroc.
4- Quelle est la part d’intégration locale de Figeac Aero Maroc ?
La part achetée au Maroc est faible puisque toutes les matières premières utilisées sont des sources qualifiées par nos clients, et, pour l’heure il n’y a pas fabricant de matière première marocain qualifié par les donneurs d’ordres.
La fabrication de la matière première aéronautique est une spécialité qui est techniquement difficile à acquérir et les investissements y afférents sont colossaux, pour des besoins relativement limités au Maroc.
L’implantation de producteurs de matière première aéronautique au Maroc viendra avec le temps, parallèlement à la progression de l’activité. Pour ce qui est d’une supply chain local, nous ne disposons pas encore de capacités suffisantes pour la financer.
Nous allons avancer étape par étape, avec la création, dans un premier temps, d’une nouvelle usine à Casablanca qui devrait rapporter plus de CA de 50 millions d’euros et pourvoir 1.000 emplois. Arrivés à ce niveau, nous nous entourerons d’une supply chain locale pour redistribuer une partie du travail que nous ne pourrions plus réaliser en interne pour des raisons de rentabilité.
5- Quelles sont les ambitions pour l’avenir de Figeac Aero Maroc ?
Continuer le développement de notre production au Maroc et de notre savoir-faire. Nous allons nous lâcher et faire confiance à nos partenaires marocains qui ont toujours été au niveau de nos attentes.
Nous avons l’ambition de nous développer en volume mais aussi au niveau technique, à travers la conception de pièces de plus en plus techniques et complexes et, par là même, de plus en plus chères.
