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Carcassonne : une affaire d’escroquerie d’objets d’art sans coupable

Au tribunal de Carcassonne, un dossier conséquent a été jugé tout au long de la matinée de ce mercredi 11 octobre 2023. Une affaire d’escroquerie au préjudice de 560 000 € envers une victime, aujourd’hui décédée, a fait l’objet de débats « légers » entre les quatre prévenus et le tribunal. Quatre prévenus ont été relaxés.

En sortant de la salle d’audience du tribunal de Carcassonne, les avocats le reconnaissent : cette affaire est « marrante ». « Elle est très simple aussi », souffle l’un d’eux. Simple, peut-être pas. Du moins si on ne connaît pas le dossier sur le bout des doigts. Pour comprendre les tenants et les aboutissants, il faut remonter à septembre 2014. La victime, décédée aujourd’hui, s’appelle Jean-Paul. Depuis 2013, il a prêté 260 000 €, sur une durée de 7 ans, à Stanislas, un garagiste ariégeois.

Un jour, en rentrant dans le commerce de ce dernier, on présente à Jean-Paul une défense d’éléphant. Le garagiste explique l’avoir acheté à Biarritz dans une brocante. L’objet de valeur tape dans l’œil de la victime qui souhaite l’acquérir. Mais la corne serait déjà vendue à une autre personne. « Vous affirmez que vous pouviez procurer à Jean-Paul des statuettes en ivoire », précise la présidente de l’audience, Anne Nappez.

Qui sont « Monsieur Clément » et Jacques Massarot ?

Un certain Jacques Massarot se serait rendu au domicile de la victime. Il se présente comme spécialiste d’art asiatique mandaté par le roi du Maroc afin d’acquérir des objets d’art. Alors que Jean-Paul a acheté ces statuettes en ivoire au prix de 2000 €, il les revend à ce Massarot pour une somme de 6000 €. Le soi-disant proche du monarque lui en redemande. Le garagiste de la victime, lui, n’en a pas sous la main et le met en relation avec un dénommé « Monsieur Clément ». Ce dernier lui donne rendez-vous à Blagnac. Contre 330 000 € versées en espèces, il acquiert deux colonnes et quatre statuettes. Les objets sont présentés à Jacques Massarot. « Cet individu aurait été prêt à les acheter au prix de 1 200 000 €. Il a indiqué à la victime qu’il repasserait avec l’argent et lui remettrait le reliquat de 1000 € de la première vente », poursuit la présidente.

Jean-Paul aurait repris contact avec « Monsieur Clément » pour d’autres achats. La somme s’élève à 230 000 € cette fois-ci. Le proche du roi du Maroc, lui, se dit prêt à lui les acheter pour 2 000 000 €. Jackpot ! En fait, pas vraiment. Car le jour de l’échange, le 6 octobre 2014, plus personne ne répond à Jean-Paul. « Après vérification par des experts, l’ensemble des objets étaient factices. » La douche froide. En outre, la somme dépensée pour les objets artistiques s’élève à 560 000 €.

La victime a donc déposé plainte, en 2015, pour escroquerie auprès de l’office centre de lutte contre le trafic de biens culturels à Nanterre. Au fil de l’enquête, « Monsieur Clément » et Jacques Massarot n’ont jamais été retrouvés.

Quatre mis en cause à la barre

Ils disent ne pas se connaître. Quatre hommes sont à la barre, ce mercredi 11 octobre pour escroquerie et participation à une association de malfaiteurs. L’un d’eux, Fernand, aurait été identifié par la victime comme étant Jacques Massarot. Face à la présidente, il nie en bloc : « J’ai travaillé avec lui mais je ne suis pas cette personne. » Même son de cloche pour Clément. S’il porte un homonyme à « Monsieur Clément », il affirme ne pas en être : « Ici, je ne connais personne. Je n’ai jamais rencontré la victime. » Le flou autour de cette affaire ne dissipe pas. Stanislas, lui, confirme connaître la victime et l’avoir mis en relation avec « Monsieur Clément ».

Pour la procureur de la République, Géraldine Labialle, Fernand correspond à Jacques Massarot. « Cinq personnes l’ont reconnu comme étant cette personne. » Selon le ministère public, Stanislas est « le rabatteur ». À la suite de ses réquisitions, elle a demandé une amende pour trois des prévenus allant de 20 000 à 300 000 €. Seul Clément y échappe faute de preuves. Les quatre avocats, eux, ont tous plaidé pour la relaxe de leurs clients : « C’est une affaire qui tient avec deux élastiques et un bout de scotch », déplore Me Dupoux. Pour Me Giraux, la victime a aussi sa part de responsabilité : « Elle est le réacteur de l’enquête en revenant plusieurs fois sur ses déclarations. »

Le tribunal correctionnel a finalement relaxé les quatre impliqués.

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