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Carcassonne : de la faute d’inattention d’une nounou, au décès d’une fillette de 2 ans tombée dans la piscine

Ce mercredi 15 novembre, une ancienne assistante maternelle a comparu devant le tribunal correctionnel de Carcassonne, pour répondre du décès d’une petite fille qu’elle avait sous sa garde. C’était le 29 septembre 2021, à Carcassonne. Le jugement a été mis en délibéré jusqu’au 6 décembre.

« Je me bats pour l’honneur de ma fille. Elle était censée être en protection chez sa nounou. Pour moi, c’est comme si c’était hier… C’est un véritable cauchemar. La nounou a détruit la vie d’une famille entière. Je ne pourrais jamais lui pardonner. Elle est libre, et moi enfermé dans ma propre douleur. Que me reste-t-il ? Des photos, des souvenirs… Camille, tu aurais eu 4 ans aujourd’hui. Tu me manques tellement ! » Plus de deux ans après le décès de sa fillette de 2 ans, la colère et le chagrin de la maman sont toujours aussi intenses. Comme pour toute la famille de cette petite fille, décrite comme « heureuse et toujours souriante ». Ce mercredi matin, c’est dans ce contexte que le procès de Nathalie, âgée de 59 ans, s’est déroulé devant le tribunal correctionnel de Carcassonne. Son agrément d’assistante maternelle aujourd’hui retiré par le conseil départemental de l’Aude, c’est en pleurs et tremblante qu’elle s’est approchée de la barre, face à la présidente Anne Nappez. C’est la première fois que cette femme à la vie jusque-là irréprochable comparaît devant la justice. Pour répondre d’un « homicide involontaire », sur une fillette qu’elle avait alors sous sa garde. Les faits avaient eu lieu le mercredi 29 septembre 2021, à Carcassonne.

Ce jour-là, c’est peu après 8h que la nounou avait appelé les secours, alors qu’elle venait de retrouver la fillette qui était tombée dans la piscine, située dans le jardin à l’arrière de la maison. Nous sommes sur le secteur de la Fajeolle, non loin du stade Albert-Domec, dans la rue Jean-Camberoque. Après avoir sauté à l’eau pour en ressortir l’enfant inconscient, la nounou avait alors prodigué les gestes de premiers secours avant l’arrivée des pompiers, qui avaient ensuite pris le relais. Finalement réanimée, avec le retour d’une activité cardiaque faible, la fillette avait été héliportée vers le CHU toulousain de Purpan, avec un pronostic vital engagé. « En raison de lésions sévères au cerveau, suite à une privation d’oxygène trop importante pour permettre sa survie », la petite fille y est finalement décédée le 11 octobre 2021.

Tout en discutant, j’entendais ses petits pas sur le gravillon. Et puis, plus rien.

Devant le tribunal, la prévenue est effondrée, en larme. Elle a du mal à trouver les mots : « Je regrette énormément… Je leur demande pardon, même si je sais que… ça n’enlèvera pas toute la peine qu’ils peuvent avoir. Je suis tellement désolée. J’essaie d’avancer, mais je n’avance pas ! » Peu de temps avant la découverte de la fillette dans sa piscine, la nounou était en train de discuter avec la maman devant le portillon de la maison. Derrière, il n’avait pas de sécurité autour de la piscine en voie d’hivernage, sur laquelle une bâche avait juste été posée pour retenir les feuilles. Pas plus de porte fermée pour éviter d’y accéder. « J’ai complètement oublié de faire le tour, comme je le fais tous les jours… Tout en discutant, j’entendais ses petits pas sur le gravillon. Et puis, plus rien. » Aux intérêts du père et de la grand-mère paternelle de la fillette, Me Stéphanie Petit a fait part du chagrin de ses clients qui reste entier, avant de revenir sur « cette piscine hors sol à la base, qui n’aurait jamais dû être enterrée ! » Tout comme Me Frank Alberti, aux intérêts de la maman de la fillette, de son grand frère et de ses grands-parents maternels, la nounou est tenue comme entièrement responsable : « Ils assistent aujourd’hui au procès d’une femme à laquelle ils ont confié la prunelle de leurs yeux. Ce procès est celui de l’impossible, de l’impensable. Cette souffrance ne se partage pas, elle est enfouie sous leur peau à jamais. »

Pour le ministère public, la substitut du procureur Agathe Charriau a requis un an de prison avec sursis : « Aucune peine ne permettra de réparer la douleur, mais elle est nécessaire. » A la défense, Me Hichem Laredj est revenu sur l’état d’esprit de cliente aujourd’hui, « qui une dame bouffée par la culpabilité et les remords », en rappelant que « tout professionnel peut un jour commettre une erreur ». Afin de prendre le temps de la réflexion, le tribunal a préféré mettre son jugement en délibéré jusqu’au 6 décembre.

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