Économie

Bourse de Casablanca : 2023, le momentum de la rupture

Par Zin El Abidine TAIMOURI.

 

L’année 2023 a marqué un momentum de rupture pour la Bourse de Casablanca, illustrant une résilience sereine, après avoir alterné une année 2021 dopée par l’euphorie du rattrapage post-Covid, et une année 2022 plombée par le réajustement des fondamentaux macroéconomiques.

La Bourse de Casablanca est en passe de clôturer l’année 2023 avec brio, affichant une performance constante autour de 13% pour son indice principal, le MASI, qui franchit le cap symbolique des 12.000 points (pts). Un tournant majeur pour la cote casablancaise qui clôt un chapitre caractérisé par des tendances erratiques depuis l’année 2019.

Pourtant, la Bourse de Casablanca revient de loin. Après avoir achevé l’année 2022 sur une perte de 19,75% à 10.720,25 pts, elle entame 2023 par une dépression historique à l’origine de la contraction de 9,35% à 9.718 pts du MASI, sur fond de hausse brutale des taux d’intérêt sur le marché secondaire des bons du Trésor (BDT).

À cela s’est ajoutée une série de facteurs majoritairement exogènes et défavorables à l’économie nationale, notamment l’inflation galopante qui a atteint la barre des 10% en février, compromettant prévisions de croissance et équilibres économiques.

L’intervention de Bank Al-Maghrib ne s’est pas faite attendre pour contenir cette inflation qui gangrène le marché boursier, relevant par trois fois le taux directeur d’un total de 150 points de base (pbs) à 3%, avant la pause de juin 2023 reconduite au mois de septembre et de décembre.

A partir de juin, la Bourse de Casablanca commence à afficher des signes de rétablissement corrélés à une inflation maîtrisée à 5%, maintenus pendant la saison estivale et confirmés depuis lors par la progression du chiffre d’affaires (CA) des valeurs cotées de 5,3% à 219,8 milliards de dirhams (MMDH) à fin septembre 2023, selon BMCE Capital Global Research (BKGR).

Une tendance que le directeur exécutif du site d’information et d’analyse financière et boursière “FLMarkets”, Farid Mezouar, qualifie “d’émergente et potentiellement durable”, le MASI profitant de plusieurs données fondamentales et des effets d’annonce, notamment celle liée à la co-organisation par le Maroc de la Coupe du Monde de football 2030.

“Depuis le début de l’année, le MASI a bâti patiemment sa performance avec un rebond de 24,7% depuis la dépression du 6 janvier”, a-t-il affirmé, notant que l’indice a gardé le cap de la performance annuelle, bénéficiant de la détente des taux obligataires à l’image des dernières séances d’adjudication.

Cette dynamique positive s’explique aussi, selon le spécialiste, par la hausse des revenus des sociétés cotées pour les 9 premiers mois de 2023, à la faveur de la désinflation “stabilisée à 4,3% au cours du mois d’octobre” et de l’amélioration graduelle des perspectives de croissance économique, passant à 2,7% en 2023 puis à 3,2% en 2024.

À la question de savoir à quels secteurs revient la palme de la performance en 2023, M. Mezouar cite, en premier lieu, celui de la promotion immobilière dont la cote a connu un envol de près de 120%, grâce à la reprise significative des revenus des sociétés qui le composent et à la maîtrise de la dette.

La solidité des bénéfices des banques a également permis à l’indice sectoriel de gagner 13,7%, ajoute le spécialiste, qui contraste ces résultats par la contre-performance du secteur des mines qui perd 32,6% de sa valeur à 22.907,75 pts, essentiellement à cause de la baisse des cours de certains métaux de base.

Selon la dernière publication d’Attijari Global Research sur les résultats des sociétés cotées, 10 secteurs, représentant plus de 75% de la capitalisation boursière globale, ont affiché une appréciation de leur CA cumulé à fin septembre 2023, avec en pole position, les secteurs de l’immobilier (+30,7%), de la grande distribution (+15,8%) et des banques (+15,2%).

En revanche, 4 secteurs, qui pèsent plus de 19% dans la capitalisation du marché, ont accusé une baisse, à degrés variables, de leurs revenus à fin septembre dernier, à l’instar des secteurs des mines (-13,9%), de l’énergie (-9,4%), de l’automobile (-2,9%) et de l’agro-alimentaire (-1,6%).

CFG Bank, l’IPO de l’année

Si chacune des introductions en bourse (IPO) reste un moment fort pour les places financières à travers le monde, la Bourse de Casablanca a connu le sien en cette fin d’année. Avec l’IPO de CFG Bank, seule opération réalisée en 2023, la famille du MASI s’agrandit à 77 sociétés cotées.

A ce titre, M. Mezouar n’a pas manqué d’évoquer “la bonne surprise de fin d’année qui a suscité un engouement considérable et une charge émotionnelle positive, tant chez les investisseurs qu’auprès des boursicoteurs”.

Au-delà des fondamentaux, CFG Bank symbolise l’ère moderne de la Bourse de Casablanca. De plus, le secteur bancaire offre un double avantage, celui du monopole légal combiné à une surveillance quasi-quotidienne par la banque centrale, a-t-il expliqué.

Pour ce qui est des perspectives de la Bourse de Casablanca pour l’année 2024, M. Mezouar se montre optimiste, augurant une bonne dynamique de l’activité économique nationale soutenue par l’opérationnalisation des différents programmes de développement socio-économiques.

Se basant sur les analyses de Flm, le spécialiste estime que le MASI pourrait renouer avec les 14.000 points “car tous les voyants sont au vert, notamment dans le cadre de l’injection de pouvoir d’achat à travers l’aide sociale directe, la subvention à l’acquisition du logement principal et la reconstruction post-séisme”.

Et de conclure : “Cette relance se fait dans le cadre d’une ‘equity story’ avec la co-organisation du Mondial 2030 qui devrait retenir la confiance des investisseurs. Ainsi, comme pour CFG Bank, d’autres IPO populaires devraient se profiler vers le début de l’année prochaine”.

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