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Aude : quinze prévenus et un vaste réseau de prostitution jugés devant le tribunal correctionnel de Narbonne

Le procès de quinze personnes, dont trois femmes, poursuivies pour proxénétisme aggravé s’est ouvert pour trois jours ce mercredi 8 novembre devant le tribunal correctionnel de Narbonne. Plusieurs proxénètes et leurs complices sont suspectés, entre 2012 et 2013, d’avoir forcé des jeunes femmes roumaines, dont certaines étaient mineures au moment des faits, à se prostituer sur les routes départementales reliant Narbonne et Béziers et Narbonne et Carcassonne. Le verdict est attendu pour ce vendredi 10 novembre. 

C’est un procès quelque peu hors normes pour la juridiction narbonnaise qui s’est ouvert ce mercredi 8 novembre devant le tribunal correctionnel. Hors normes car trois jours d’audience sont attendus afin de juger quinze individus, douze hommes et trois femmes, pour des faits de proxénétisme entre le 1er janvier 2012 et le 25 juin 2013 sur les routes départementales entre Narbonne et Carcassonne et entre Narbonne et Béziers. Et cela avec des circonstances aggravantes puisque pour certaines jeunes femmes jetées sur le trottoir, elles étaient mineures au moment des faits, et qu’elles étaient incitées à venir en France depuis la Roumanie pour se livrer à la prostitution. 

Parmi les quinze prévenus, treize sont roumains et deux Serbes. Ils viennent principalement de la commune Satu Mare, au nord de la Roumanie, à la frontière avec la Hongrie. À la présentation par la présidente du tribunal de la chronologie des faits, on comprend vite l’horreur vécue et la « prison » dans laquelle étaient enfermées ces femmes entre racket, menaces, violences physiques et psychologiques, obligations de multiplier et de rentabiliser les passes. Le tout, dans des conditions de « travail » s’approchant d’une certaine forme d’esclavagisme, et où, comme en attestent les écoutes téléphoniques, les protagonistes de ce réseau qualifient les femmes  de « marchandises » au moment d’évoquer leurs transferts entre la Roumanie et la France

Tout débute en 2009 sur ces axes routiers précédemment cités. Plusieurs phénomènes de racolages sont constatés par les forces de l’ordre. Les prostitués ont ce point commun qu’elles viennent tous des pays de l’Est incitant le procureur de la République de Narbonne d’ouvrir une enquête préliminaire pour avoir s’il s’agit bien là d’une filière de prostitution. Le proxénétisme en bande organisée se fait jour après des surveillances policières qui constatent que les femmes sont transportées sur les lieux de prostitution par des individus et qu’elles sont ensuite conduites vers un camp de caravanes à Lespignan, à la frontière de l’Aude et de l’Hérault. Huit personnes sont interpellées, mises en examen, et reconnu coupable par le tribunal à des peines de 2 à 6 ans de prison. 

Pour certaines, on leur promettait la belle vie en France

Mais ce coup de filet n’a pas ralenti l’activité et tout porte à croire que les personnes incarcérées ont été remplacées par de nouveaux proxénètes avec des procédés, des bourreaux et des victimes semblables, venant quasiment tous de Roumanie. Grâce à des dénonciations anonymes, à des plaintes pour violences, viols et séquestrations de prostitués dans le secteur de Béziers, qui se termineront toutes par un non-lieu faute d’éléments, de nouveaux faits permettent une surveillance et des écoutes téléphoniques mettant à jour un réseau de proxénétisme. Cette fois-ci, les femmes séjournent dans un camp de caravanes à Bessan, près de Béziers, et dans un lieu-dit à Colombiers, où parfois à l’hôtel. 

Elles y règlent un loyer et sont transportées vers les lieux de prostitution où les proxénètes doivent régler 50 €/jour à la tête du réseau présumé afin d’obtenir une place. Les femmes sont recrutées en Roumanie ou en Hongrie et sont transportées en car jusqu’à l’aire d’autoroute de Béziers Mont-Blanc où les différents acteurs du réseau de prostitution les prennent en charge. Leur pièce d’identité est prise et elles ne peuvent que se déplacer avec une copie. Si souvent elles savent ce qu’elles feront à leur arrivée en France, certaines sont entraînées vers le réseau par un moyen détourné. Draguée par un beau garçon en Roumanie qui lui promet la belle vie, elle se retrouve seule à leur arrivée en France puisque l’homme qui devait les accompagner prétexte un problème administratif, et cela, avant qu’elles ne tombent entre les griffes d’un proxénète. 

Autant d’éléments qui seront corroborés par des nombreuses écoutes téléphoniques et des témoignages publics ainsi qu’anonymes. Le 25 juin 2013, les quinze prévenus seront interpellés avant leur mise en examen pour proxénétisme aggravé et placé en détention provisoire. Ils y demeureront plus d’un an avant d’être libérés et de comparaître devant le tribunal correctionnel de Narbonne neuf ans plus tard. 

A lire demain

De la tête du réseau qui sera jugé ultérieurement car actuellement incarcéré en Roumanie pour une autre affaire de proxénétisme, à la logeuse en passant par le recruteur, le transporteur, le surveillant, le chauffeur, le tribunal finira de présenter ce jeudi 9 novembre les rôles des différents acteurs du réseau. Un compte rendu à lire sur notre site Internet dès jeudi et à retrouver vendredi dans notre édition papier.

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