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Aude – À Carcassonne, au procès d’un faucheur volontaire : « Je suis toujours très fier d’avoir fait partie de cette opération chez Arterris »

Le procès de Christian Roqueirol, l’un des faucheurs volontaires d’OGM accusé d’être entré illégalement dans la coopérative Arterris à Castelnaudary en 2021 s’est déroulé ce mercredi 8 novembre. Il a reconnu avoir éventré des sacs de semences et défendu un combat idéologique contre les organismes génétiquement modifiés. 

Si c’était à refaire, le militant Christian Roqueirol le referait probablement. Le 4 mars 2021, il faisait partie des 50 Faucheurs volontaires d’OGM qui faisaient irruption dans les locaux de la coopérative Arterris à Castelnaudary. Une action destinée à rechercher des semences de colza et tournesol VrTH (variétés rendues tolérantes à un herbicide) qu’ils estimaient – et estiment toujours – être des organismes génétiquement modifiés (OGM). Une fois dans les locaux d’Arterris, les Faucheurs avaient détruit plusieurs sacs de ces semences. Suite à une plainte déposée par Arterris qui déclarait à l’époque être dans « la légalité absolue », deux de la cinquantaine de Faucheurs avaient été mis en examen pour destruction, dégradation et détérioration d’un bien appartenant à autrui en réunion. Ce mercredi 8 novembre, le paysan aveyronnais à la retraite Christian Roqueirol comparaissait devant le tribunal correctionnel de Carcassonne. Pour le soutenir, une trentaine d’activistes ayant participé à l’opération ont demandé à être jugés à ses côtés. Une demande jugée « irrecevable » par la présidente du tribunal. 

« Lanceurs d’alerte »

La comparution aura duré trois heures. Trois heures au cours desquelles l’homme de 69 ans – bien connu du monde du militantisme – a pu donner sa version des faits. Le prévenu à commencer par rappeler qu’il s’agissait d’une action non-violente : « Nous n’avons pas utilisé la violence. Nous voulions simplement dénoncer des faits. Nous avons tous décliné notre identité aux forces de l’ordre », a argué le prévenu à la barre avant de mettre en exergue ses motivations. « Je ne m’en cache pas, en tant que paysan, je suis un militant de la Confédération paysanne. C’est prouvé, ces nouvelles variétés de semences entraînent l’utilisation davantage de pesticides néfastes à la santé de tous. Mes camarades et moi-même militons pour une agriculture respectueuse de la santé des citoyens. Ce jour-là, à Arterris, nous étions là en tant que lanceurs d’alerte. » 

Le tribunal rendra sa décision le mercredi 6 décembre 2023 à 9 heures.
Independant – NATHALIE AMEN VALS

Pour appuyer ses propos, plusieurs témoins ont également été entendus. Un agronome, une agricultrice, un représentant d’une association de protection des milieux aquatiques ainsi qu’un apiculteur. Tous ont souligné le lien de corrélation entre l’usage des semences commercialisées par Arterris et les dégâts causés sur les écosystèmes et la santé humaine. 

La société Arterris est présentée par ces personnes comme une délinquante

L’avocat de la partie civile a fait valoir le caractère illégal de l’opération. Et les conséquences que celle-ci pourrait avoir sur la réputation de l’entreprise : « Ces gens-là estiment qu’ils agissent pour le bien commun. Seulement, on ne peut pas nier le respect de la loi. Il n’est pas acceptable, quel que soit l’engagement d’un groupe, de violer les règles. […] La société Arterris est présentée par ces personnes comme une délinquante alors qu’elle s’emploie à respecter le cadre qu’on lui a fixé. En plus du préjudice financier estimé à 103 000 €, cela constitue un important préjudice moral ». 

La procureure de la République à demander tribunal d’entrer en voie de condamnation et de condamner Christian Roqueirol à une peine de six mois de prison et à 600 € d’amende. 

Délibéré le 6 décembre

Représentés par Me Tumerelle du barreau de Montélimar et Me Gallon du barreau de Montpellier, pour sa défense, les avocats du prévenu ont mis en avant le bien-fondé du combat de leur client : « Ce que Monsieur Roqueirol dénonce, c’est la simple réalité. Les semences d’Arterris sont bien enrobées d’un produit pesticide. Des produits que le l’on retrouve dans nos urines, nos corps. Saviez-vous qu’en 30 ans, le nombre de cancer a augmenté de 80 % ? Cette entreprise dit qu’elle a à cœur de ne pas utiliser d’OGM mais fait preuve d’une forme de duperie. Alors quand tout a été fait pour dénoncer cela légalement, que doit-on faire ? » 

Malgré les réquisitions pesant sur lui, Christian Roqueirol s’est dit « toujours aussi fier d’avoir fait partie de cette opération chez Arterris ». La décision du tribunal sera rendue le mercredi 6 décembre à 9 heures. 

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