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Attentat dans un lycée d’Arras: La DGSI voulait infiltrer les messageries cryptées de Mohammed Mogouchkov lors de son interpellation la veille de l’attentat

Gérald Darmanin a précisé, ce lundi, les objectifs de l’interpellation du suspect de l’attentat d’Arras à la veille de son passage à l’acte. Les messageries cryptées étaient visées.

Surveillé par les services de renseignement depuis le mois de juillet 2023 et fiché S comme islamiste radicalisé, Mohammed Mogouchkov ne semblait pas être « en train de passer à l’acte » comme l’a rappelé, ce lundi, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur après la tenue d’une réunion de sécurité à l’Élysée. Il a d’ailleurs redit qu’il n’y avait pas eu « de faille de la part de la DGSI ».

Contrôle de police pas si banal

Pourtant, la veille, Mohammed Mogouchkov avait été interpellé en compagnie de deux Biélorusses lors d’un contrôle de police. Un contrôle de police pas si banal puisque le ministre de l’Intérieur en a détaillé les objectifs lors de son point presse de ce lundi après-midi.

« Les écoutes téléphoniques classiques n’avaient pas démontré une quelconque menace. Les messageries n’ont pas parlé, pas plus que la géolocalisation », indiquait Gérald Darmanin pour qui, « la question était: a-t-il utilisé des messageries cryptées pour pouvoir fomenter un attentat? »

Or, la DGSI n’a pas accès à ces messageries cryptées comme WhatsApp, Signal ou encore Telegram. « Ce n’est pas permis en droit français ni, d’ailleurs, dans n’importe quel pays du monde », a assuré le ministre.

Technique de renseignement intrusive

L’une des manières possibles est « de discuter avec ces entreprises pour avoir accès à un certain nombre de conversations », « mais ce n’était pas le cas dans cette affaire », a précisé Gérald Darmanin.

L’autre moyen est « une technique de renseignement plus intrusive qui consiste à prendre votre téléphone et à regarder à votre insu ce qu’il se passe dans cet appareil », a dévoilé le locataire de la place Beauvau en réponse à la question d’un journaliste.

Mais pour cela, il faut avoir constaté une infraction chez l’individu ciblé. « C’était l’objet de ce qu’a fait la DGSI, la veille de l’attentat, puisque nous avons fait procéder à l’interpellation de cette personne pour pouvoir constater une infraction qui nous aurait permis de pouvoir obtenir le téléphone ». Et ainsi, les services de renseignements auraient pu « suivre cette personne et notamment ses messageries cryptées ».

Le contrôle de police n’a pas permis de « constater la moindre infraction et le droit français ne permet pas à la DGSI de récupérer le téléphone s’il n’y a pas d’infraction ».

Une évolution de la législation?

« Nous avions un doute tel que si la ligne claire ne parlait pas, si la géolocalisation ne parlait pas, il fallait regarder dans la messagerie cryptée », avouait Gérald Darmanin avant d’évoquer « une réflexion à avoir sur comment l’on peut récupérer plus rapidement ces messages privés qui sont utilisés par beaucoup de personnes afin d’être plus efficaces pour protéger les Français ».

Ne pouvant pas commenter l’enquête de la DGSI placée sous l’autorité du parquet national antiterroriste, le ministre de l’Intérieur n’a pas précisé si, depuis le début de la garde à vue, le téléphone de Mohammed Mogouchkov en avait dit plus sur le contenu des messageries cryptées…

Dix personnes en garde à vue

Pour rappel, ce vendredi, une attaque au couteau dans le collège-lycée Gambetta d’Arras a fait un mort et trois blessés. Cette attaque aurait été commise par Mohammed Mogouchkov, né en 2003 en Russie.

Ce dernier a été interpellé par la police dans la cour de l’établissement. Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête pour des chefs d' »assassinat en relation avec une entreprise terroriste », de « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « d’association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteinte aux personnes ».

Dix personnes se trouvaient toujours en garde à vue ce lundi dans le cadre de cette affaire dont ses deux frères ainsi que Maxime C., natif de Perpignan, qui aurait pu jouer un rôle dans la radicalisation de Mohammed Mogouchkov.

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