Le système éducatif marocain se trouve à un carrefour crucial, avec des discussions intenses sur la réduction potentielle des heures d’enseignement dans le cycle primaire. Cette question, qui a émergé lors des négociations entre le ministère de l’Éducation nationale et les syndicats d’enseignants avant l’accord du 26 décembre dernier, suscite un vif intérêt et de nombreuses interrogations parmi les professionnels de l’éducation.
Actuellement, les enseignants du primaire sont tenus d’assurer 30 heures de cours par semaine, dont 4 heures dites « de solidarité ». Ce volume horaire, jugé excessif par beaucoup, fait l’objet de demandes de révision. Les partisans de cette réduction arguent qu’elle pourrait améliorer la qualité de l’enseignement, en privilégiant une approche plus qualitative que quantitative.
Le ministère, dirigé par Chakib Benmoussa, a lancé en avril dernier une étude de terrain pour évaluer la gestion du temps scolaire. Cette enquête, qui a couvert un large échantillon d’établissements et d’acteurs du système éducatif, témoigne de l’importance accordée à cette question par les autorités.
Un changement attendu avec impatience
Les enseignants du primaire, en particulier, insistent sur la nécessité de réduire leur charge horaire. Ils considèrent cette mesure comme un facteur de motivation tant pour eux-mêmes que pour leurs élèves, et comme un résultat tangible des récents mouvements de protestation dans le secteur de l’éducation.
Faisal Al-Arbawi, un enseignant et activiste éducatif, souligne que la communauté éducative attend toujours la mise en œuvre de plusieurs points convenus en décembre dernier, y compris la réduction du temps de travail. Il met en avant le déséquilibre actuel entre les différents niveaux d’enseignement en termes d’heures de travail.
De son côté, Abdelilah Al-Jabri, syndicaliste de la Fédération Nationale de l’Enseignement, rappelle que le ministère avait reconnu l’importance de cette question lors des discussions précédentes. Il insiste sur la nécessité de revoir non seulement le temps de travail des enseignants, mais aussi le temps d’apprentissage des élèves, considérant le système actuel comme épuisant pour ces derniers.
Le ministère, quant à lui, semble lier cette question à une révision plus large des programmes et des méthodes pédagogiques. Une source au sein du ministère a indiqué qu’aucun changement n’était prévu dans l’immédiat, mais que toutes les options restaient ouvertes, en attendant les conclusions de la Commission permanente pour le renouvellement et l’adaptation des programmes.
Cette commission, mise en place en février dernier, a pour mission d’accompagner les chantiers de réforme prévus dans la feuille de route 2022-2026. Son travail pourrait avoir un impact significatif sur la structure du temps scolaire dans les années à venir.
La question de la réduction du temps scolaire au Maroc s’inscrit dans un débat plus large sur la qualité de l’éducation. Elle reflète une volonté de moderniser le système éducatif pour le rendre plus efficace et mieux adapté aux besoins des élèves et des enseignants. Alors que les discussions se poursuivent, tous les acteurs du secteur attendent avec impatience des décisions concrètes qui pourraient transformer en profondeur l’expérience éducative au Maroc.