Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, a conclu, jeudi 5 décembre, une visite de travail express au Maroc. Le point d’orgue de cette visite devait être une audience royale, mais Pompéo n’a pas été reçu par Le Roi en raison d’une « incompatibilité d’agendas » et un « problème de décalage horaire », selon une source proche de la diplomatie américaine.
Une conférence de presse commune des deux ministre devait également avoir lieu, mais elle a été également annulée à la dernière minute.
La visite au Maroc au lendemain de sa rencontre avec le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu était un espoir pour Israël d’une annonce de progrès diplomatiques dans quelques jours, selon la presse israélienne. Mike Pompeo devait encourager la « normalisation » des liens avec Israël auprès du Roi Mohammed VI, indique en ce sens Times of Israël.
Une « incompatibilité d’agendas » derrière l’annulation de la rencontre de Pompeo avec le Roi Mohammed VI
Cette annonce aurait permis de faire un gros coup politique pour le Premier ministre israélien avant le deadline de la Knesset (le Parlement israélien) pour la formation d’un gouvernement et éviter le scénario de nouvelles élections législatives, les troisièmes que le pays devrait connaitre s’il n’y a pas consensus d’ici le 11 décembre. Au pire, cela lui aurait permis d’apporter un poids de taille pour sa prochaine campagne électorale.
Arrivé à Rabat en début d’après-midi, le chef de la diplomatie américaine a rencontré plusieurs officiels marocains, notamment le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani avec qui il a échangé pendant une dizaine de minutes avant de rencontrer le directeur général de la sûreté nationale (DGSN) ainsi que directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire marocain (DGST) Abdellatif Hammouchi.
Mike Pompeo s’est ensuite dirigé vers le ministère des Affaires Etrangères où il a rencontré son homologue marocain Nasser Bourita. Cette visite du secrétaire d’Etat américain intervient dans le cadre « du renforcement des relations solides, historiques et renouvelées entre nos deux pays amis et partenaires », a indiqué dans un communiqué, Nasser Bourita, en marge de sa rencontre avec son homologue américain.
« Cette visite est de nature distincte, à plusieurs niveaux. Il s’agit de la première visite de M. Pompeo au Maroc et dans notre région, en tant que secrétaire d’État. C’est aussi une visite qui appuie la dynamique positive définie par les relations bilatérales, souhaitée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cette dynamique positive s’est reflétée dans les visites de M. Jared Kushner et de Mme Ivanka Trump conseillers spéciaux du Président des États-Unis », ajoute le communiqué.
Selon la même source visite du Secrétaire d’État est un renouvellement de la force des relations stratégiques entre le Maroc et les États-Unis. En outre, la volonté de Washington de renforcer ses relations avec le Maroc est un gage de reconnaissance de la stabilité, de la crédibilité et des réformes entreprises par le Maroc sous la direction de Sa Majesté comme l’a confirmé la Déclaration conjointe de la quatrième session du Dialogue stratégique entre le Maroc et les États-Unis.
Sur le niveau économique « le partenariat entre le Maroc et les États-Unis a également permis de réaliser une coopération économique étroite ». Les deux pays sont des partenaires et alliés, en étroite coopération sur de nombreuses questions bilatérales et sur les droits régionaux et internationaux. Et, c’est dans ce contexte que le Maroc accueillera le 13ème Sommet des affaires afro-américaines, en juin 202 à Marrakech, note le communiqué du ministère des Affaires Etrangères.
Durant leur entrevue, Mike Pompeo et Nasser Bourita ont affirmé la vision commune du Maroc et des Etats-Unis concernant la région du Sahel, une région stratégique nécessitant une coordination conjointe à plusieurs niveaux. « Le Maroc considère que les approches unilatérales se sont révélées inefficaces et appelle à une approche globale et collective basée sur la coordination entre les pays de l’Union du Maghreb arabe, les pays du Sahel (CEN-SAD) et l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ».
Les deux hommes ont également évoqué la Libye et ont échangé sur les moyens permettant à « ce pays frère de jeter les bases d’une paix et d’une sécurité durables ». Enfin, le sujet de l’Iran a également été mis sur la table. Les deux chefs de la diplomatie ont discuté de la menace posée par l’Iran et ses alliés et des efforts déployés pour contrer les tentatives de velléités expansionnistes iraniennes dans la région, notamment en Afrique du Nord et de l’Ouest.