Économie

Microcrédit : un bilan en demi-teinte

Par Salma EL BADAOUI.

Le microcrédit, un secteur qui peine toujours à retrouver son niveau d’activité d’avant crise, dresse un bilan 2022 en demi-teinte, plombé par la baisse du nombre de clients face à une hausse en volume des prêts accordés et encore plus d’impayés.

Si de prime abord la hausse de l’encours de microcrédit fait allusion à une amélioration de l’activité, dans l’absolu, il ne s’agit point d’une reprise du secteur. En effet, l’augmentation du montant des crédits accordés, accompagnée d’un repli du nombre de clients actifs s’explique par l’augmentation de la part des très petites entreprises (TPE) qui requièrent, de plus en plus, de financements importants.

A en croire les derniers chiffres de la Fédération nationale des associations du micro-crédit (FNAM), principal interlocuteur du secteur de la microfinance au niveau national, l’encours des microcrédits a atteint 8,54 milliards de dirhams (MMDH) à fin 2022, contre 8,16 MMDH à fin 2021, soit une hausse de 4,69%.

Le montant cumulé des prêts débloqués en 2022 s’est élevé à 838 millions de dirhams (MDH), en évolution de 38,74% comparativement à 2021, souligne la Fédération, qui précise que le nombre de clients actifs a connu, cependant, une baisse de 5,14% à 797.112 clients actifs.

Des chiffres qui en quelque sorte freinent la stratégie mise en place et aspirent à faire de cette émanation de la société civile marocaine soutenue par le gouvernement, un acteur clé de la lutte contre la pauvreté par la création d’emplois et d’activités génératrices de revenus.

Dans le détail, la feuille de route mise en œuvre par la FNAM pour l’amélioration de ce secteur, se structure autour de quelques grands jalons et repose sur plusieurs facteurs clés de succès, en particulier un accompagnement revisité et renforcé, un financement adapté, une professionnalisation accrue et une coordination avec les initiatives et les politiques du pays afin de bénéficier des synergies.

Cette feuille de route comprend les actions et mesures à mettre en œuvre par la FNAM pour aligner ce secteur sur les meilleures pratiques à l’international et professionnaliser davantage ces activités. Elle est appelée à être ajustée périodiquement de façon à accompagner la dynamique du secteur de la microfinance.

Ladite feuille de route, capitalisant sur les meilleures pratiques à l’international et sur la base de la concertation entre les acteurs concernés, s’articule autour de sept axes majeurs, dont le premier est basé notamment sur l’évolution institutionnelle via le développement d’un cadre législatif et réglementaire compétitif, à même de permettre au secteur de se développer dans le cadre de sa vision.

Un autre axe porte sur l’actualisation du plan d’action de la FNAM et de la définition d’un tableau de bord stratégique de suivi de ce plan de manière trimestrielle, outre l’axe de recherche et de développement consistant à mettre en place un dispositif de partenariat et une interface d’échange, de concertation et de réflexion entre les différents acteurs, avec pour objectif l’analyse de l’activité, la conjoncture, les perspectives et l’anticipation des évolutions.

Quoique le secteur fait grise mine durant les derniers mois, le microcrédit, devenu un secteur économique important du Royaume, a encore un potentiel important à explorer à court comme à long terme.

Le financement des activités génératrices de revenus et la création d’emplois sont au cœur du modèle même du secteur. De plus, le Maroc dispose des moyens d’être à terme en position de leadership régional voire mondial dans ce domaine.

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