La région du nord du Maroc, notamment celle de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, bien qu’elle enregistre les plus grandes précipitations et un taux de remplissage des barrages important, fait face à un stress hydrique grandissant. En raison des sécheresses répétées, certaines zones ressentent déjà la menace d’un manque d’eau potable dans un avenir proche.
Baisse des précipitations et impact sur les barrages
Selon les données de l’Agence du Bassin Hydraulique du Loukkos, l’année hydrologique 2023-2024 a enregistré un déficit pluviométrique de 10 % dans toutes les zones sous sa juridiction. Cette baisse a directement affecté les réserves des barrages, où une réduction de 51 % des apports annuels a été constatée. Actuellement, les réserves d’eau dans ces barrages s’élèvent à 885 millions de mètres cubes, soit un taux de remplissage de 51 %.
Malgré ce stress hydrique, les barrages continuent d’approvisionner les principales villes de la région en eau potable et de répondre aux besoins en eau de l’ensemble de la région. Cependant, les autorités locales s’inquiètent de la capacité à maintenir cet équilibre si les sécheresses persistent.
Mesures d’urgence mises en place
Face à cette situation, l’Agence du Bassin Hydraulique du Loukkos a mis en place plusieurs mesures urgentes pour garantir l’approvisionnement en eau potable des villes de Tanger et Al Hoceima, les plus touchées par ce phénomène.
L’un des projets majeurs concerne le transfert d’eau du barrage Oued El Makhazine vers celui de Dar Khrofa, afin de sécuriser l’approvisionnement en eau potable du grand pôle de Tanger. Des études sont également en cours pour la construction d’une station de dessalement d’eau de mer à Tanger, ainsi que la mise en place de pompes flottantes sur les barrages de Dar Khrofa et Khroub pour exploiter les couches d’eau inférieures.
Recyclage des eaux usées et gestion des ressources rurales
Un autre axe clé des initiatives est le recyclage des eaux usées traitées pour irriguer les espaces verts et les terrains de golf, réduisant ainsi la pression sur les ressources en eau douce. De plus, la part d’eau réservée à l’irrigation dans certaines zones, comme le périmètre irrigué de Dar Khrofa, a été réduite de 60 à 22 millions de mètres cubes pour la saison agricole 2023-2024.
Dans la région d’Al Hoceima, les travaux du barrage de Ghiss avancent, avec un taux d’achèvement de 99 %. Ce barrage, une fois achevé, augmentera l’offre en eau potable et d’irrigation pour toute la province. Par ailleurs, deux puits à Imzouren ont été reliés pour atténuer le déficit d’eau dans le système d’Al Hoceima, tandis que la station de dessalement d’eau de mer de la ville verra sa capacité passer de 6,3 à 8 millions de mètres cubes par an.
Recherche de nouvelles ressources en milieu rural
Le monde rural, particulièrement les villages éloignés et dépourvus de réseaux d’eau potable, n’est pas en reste. L’agence mise sur la prospection de nouvelles ressources en eaux souterraines à travers la création de puits exploratoires. En 2024, 60 nouveaux puits seront forés dans les zones les plus touchées, avec un budget de 5,6 millions de dirhams. Une initiative qui vient s’ajouter aux 64 puits exploratoires et 32 puits d’exploitation déjà réalisés en 2022 pour un coût de 12 millions de dirhams.
Avec plus de 190 puits forés ces trois dernières années, les efforts de l’agence ont donné des résultats positifs, permettant d’atténuer les effets du stress hydrique pour de nombreuses communautés rurales.