Le Maroc face à une crise grandissante d’intoxications alimentaires
Les intoxications alimentaires collectives continuent de se multiplier au Maroc, suscitant de vives inquiétudes sur l’efficacité des contrôles sanitaires. Dix personnes ont été hospitalisées à Biougra après avoir consommé des sandwichs au poisson, moins de deux semaines après l’intoxication massive de 140 personnes à Mediouna.
Les autorités locales annoncent la création de 130 bureaux communaux de santé, avec un budget de 1,04 milliard de dirhams, pour renforcer la sécurité alimentaire. Ces bureaux seront dotés de 260 médecins, 130 vétérinaires et 260 techniciens. Toutefois, des experts remettent en question leur efficacité en raison de l’absence de compétences spécifiques dans le domaine.
Bouchta Khrati, président de l’Union marocaine des droits des consommateurs, dénonce des mesures « inefficaces et temporaires ». Il appelle à la création d’une institution indépendante dédiée à la sécurité alimentaire, capable de surveiller toute la chaîne, des producteurs aux points de vente.
Un autre problème majeur est l’absence de qualifications professionnelles chez les employés des restaurants et des vendeurs de rue. Wadie Medih, président de la Fédération nationale des associations de consommateurs, pointe du doigt un « laisser-faire inquiétant » où des licences sont accordées sans exigence de formation ni respect des normes d’hygiène.
Les associations de consommateurs demandent des contrôles renforcés, des sanctions sévères et une révision complète du système. Elles appellent également à harmoniser les responsabilités des différents organismes impliqués, tels que le ministère de l’Intérieur, le ministère de la Santé et l’ONSSA, pour garantir des inspections plus efficaces.
Le manque de coordination et l’insuffisance des mécanismes actuels de surveillance exposent les citoyens à des risques sanitaires croissants.