« Je ne savais pas où j’allais finir. Je ne pensais qu’à ça : j’allais mourir » : séquestré et battu par un couple, un retraité se confie sur l’enfer qu’il a vécu

« Je ne savais pas où j’allais finir. Ni comment… Je ne pensais qu’à ça : j’allais mourir » a confié Gilbert Caillaud au Parisien ce mercredi 9 août.
Ce retraité de 83 ans, installé à Marsac, un village situé près d’Angoulême (Charente) a vécu un véritable enfer. Le soir du 14 juin dernier, « il m’a mis une manchette derrière la tête, je ne l’ai pas vu venir », durant près de quatre heures il a été battu, kidnappé et séquestré.
Ses ravisseurs ne sont rien d’autre que Jean-Christophe C. et sa compagne Alice qu’il hébergeait depuis près de quatre ans. Ce drame a eu lieu à la suite du retrait d’une simple rallonge électrique qui permettait à ce couple d’alimenter leur camping-car installé sur le terrain de l’octogénaire.
C’est dans ce véhicule sans assurance, celui des agresseurs, que les faits ont eu lieu. Le retraité a été allongé, frappé et trimbalé de force pour répondre à cette question : « Où sont les fils électriques ? ».
Généreux, ce Charentais les avait accueillis « pour rendre service » mais souhaitait depuis plusieurs mois déloger Jean-Christophe C. et sa copine car, malgré leur promesse, ils ne payaient pas l’électricité et « la nuit, ils se branchaient en cachette dans mon garage et me prenaient aussi de l’eau. Ma facture a explosé », a témoigné Gilbert Caillaud.
Le retraité connaissait ce quadragénaire depuis son enfance, pourtant il ignorait tout de ce couple : 33 mentions au casier judiciaire de Jean-Christophe C. et trois pour Alice, 36 ans. Le tout complété par de multiples séjours en prison.
« Sans elle, mon beau-père ne serait plus là »
Éric Caillaud, l’un des quatre enfants de Gilbert, après avoir essayé de discuter avec Jean-Christophe C. sans succès, s’était adressé au maire et avait déposé une main courante à la gendarmerie, « ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire, que c’était sur un terrain privé et que notre père avait accepté de l’accueillir », a-t-il déploré.
Après avoir pris une ruée de coups, le retraité a le visage ensanglanté et n’ose pas bouger. Le couple quant à lui écoute de la musique et achète des pizzas. Après s’être restauré, l’agresseur frappe encore : « Qui a les fils ? »
L’infirmière venue lui injecter de l’insuline comme chaque jour est alors étonnée de ne pas trouver Gilbert Caillaud et décide de contacter Marie-Christine Caillaud, la belle-fille du retraité, « J’ai tout de suite compris qu’il y avait un problème. Sans elle, mon beau-père ne serait plus là » a-t-elle souligné.
La maison et le jardin sont rapidement fouillés par Éric Caillaud et son épouse, l’octogénaire étant introuvable, ils décident de contacter la gendarmerie.
« Ça cogite. Un souvenir ne s’efface pas, bon comme mauvais »
Quelque temps après, la voiture des agresseurs passe sous les yeux des militaires et des enfants de Gilbert Caillaud, avant de prendre la fuite. Jean-Christophe C. et sa complice abandonnent Gilbert Caillaud dans un bois avant de fuir à pied.
Les gendarmes parviennent à intercepter les agresseurs. Après dix jours d’hospitalisation, Gilbert Caillaud s’est installé un temps chez son fils Éric, puis a regagné son domicile désormais équipé d’une caméra de vidéosurveillance.
Jean-Christophe C. et sa compagne, Alice, ont rapidement été placés en détention provisoire et comparaissent ce jeudi 10 août devant le tribunal correctionnel d’Angoulême, pour « violences en réunion sur personne vulnérable et menaces de mort ».
Malgré la peur de représailles, Gilbert Caillaud sera présent à l’audience, l’octogénaire a pourtant du mal à oublier les coups de ses agresseurs : « Ça cogite. Un souvenir ne s’efface pas, bon comme mauvais. »