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Incendie de Saint-André : le maire Samuel Moli envisage de déposer plainte contre les propriétaires de terrains en friche

Le lundi 14 août 2023, un incendie démarrait aux abords du chemin des Carrerras à Saint-André. Un incendie virulent, poussé par un vent fort, tourbillonnant, et alimenté par de nombreux terrains en friche. Le maire de la commune, Samuel Moli, envisage de se retourner contre leurs propriétaires.

Déposer plainte contre les propriétaires de terrains en friche, qui n’ont pas satisfait aux obligations de débroussaillage sur leurs terrains, situés sur la commune de Saint-André. C’est l’idée qui est en train de germer dans la tête de Samuel Moli, le maire, après l’incendie qui a ravagé « un tiers de notre village ».

Le feu a démarré le 14 août, aux alentours de 17 heures, aux abords du chemin des Carrerras. L’incendie a été particulièrement virulent, avalant près de 500 hectares, détruisant une dizaine de maisons, devenues totalement inhabitables, plusieurs entreprises, et un camping. Poussé par un vent tourbillonnant, pouvant souffler en rafales jusqu’à 80 km/h, il a aussi bénéficié d’un combustible presque inépuisable : les terrains pas ou mal débroussaillés, faits de pins, fougères et hautes herbes.

Le débroussaillage est obligatoire à Saint-André

Pourtant, dans les Pyrénées-Orientales, un arrêté préfectoral datant du 28 mars dernier a classé Saint-André dans la liste des communes concernées par les mesures de débroussaillage obligatoire. Samuel Moli avait lui aussi pris un arrêté municipal demandant à ses administrés et aux personnes propriétaires de terrains sur la commune de se plier à cette obligation. « Nous avons particulièrement insisté auprès de ceux qui ont des terrains isolés, en demandant de débroussailler dans un rayon de 50 mètres autour des habitations. On ne demande pas aux gens de tout raser, bien entendu, il faut préserver la biodiversité. Il faut couper les branches basses à environ deux mètres du sol, les fougères, éviter de planter des pins. 300 lettres recommandées sont parties au mois de février », explique l’édile.

Un mois plus tard, environ la moitié s’est pliée à la demande. L’autre moitié reçoit une lettre de mise en demeure. En théorie, les destinataires de cette missive ont un mois pour se conformer aux obligations, à la suite de quoi, si les travaux ne sont pas effectués, ou pas correctement, c’est la commune qui débroussaille, et avance les frais avant de les récupérer auprès des propriétaires fautifs. En pratique, « il s’agit de terrains de plusieurs milliers de mètres carrés. Une commune comme la nôtre n’a pas les moyens », souligne Samuel Moli. Pour le maire, le feu est « un acteur. La responsabilité tient sur les terrains laissés à l’abandon, aux fougères qui ont pris comme des allumettes et ont fait que le feu s’est propagé. J’envisage donc sérieusement de déposer plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, contre les personnes qui ont laissé ces friches », dévoile-t-il.

Victimes de la spéculation foncière

Pourtant, selon Samuel Moli, de nombreux agriculteurs seraient prêts à prendre ces terrains en charge : « Certains maires ne sont pas d’accord avec moi, pensent qu’il n’y a plus de viticulteurs. À Saint-André, il y a de la demande. Si on avait 100 hectares disponibles pour faire pousser des vignes, j’aurais des preneurs », affirme-t-il. Sauf que, les propriétaires ne souhaitent pas céder leurs parcelles : « C’est le problème de la spéculation foncière. Aujourd’hui elles valent un euro le mètre carré, ils espèrent qu’un jour ça sera 500 euros. Mais on ne rendra jamais ces terrains constructibles ».

Pour cela, Samuel Moli travaille avec le Département à la mise en place d’un périmètre de protection des espaces agricoles et naturels périurbains : « Cela permettrait de geler ces terres agricoles pour éviter la spéculation foncière, voire d’en faciliter l’acquisition pour arrêter les friches », détaille-t-il.

Sur le plan législatif, le maire de Saint-André aimerait aussi une évolution : « Il faudrait peut-être qu’on passe la commune en zone forestière. Le débroussaillage serait géré par l’Office national des forêts qui a des moyens plus coercitifs pour le faire respecter. En tout cas, il faut faire avancer la loi sur la question. Car ce qui nous arrive aujourd’hui, arrivera à d’autres demain ».

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