Endettement: Les Ménages Marocains Face à un Fardeau Croissant
Les familles marocaines ressentent une pression grandissante liée à l’endettement, particulièrement avant la fin de 2024. Un rapport de la Banque Européenne d’Investissement, intitulé « Finances de l’Afrique 2023 », révèle que le Maroc occupe la deuxième place en Afrique, juste après l’Afrique du Sud, en termes d’endettement des ménages. Le niveau d’endettement représente désormais 30 % du PIB national.
Cette situation soulève des questions sur les mesures prises par le gouvernement pour protéger le pouvoir d’achat des ménages et atténuer les effets de l’inflation, qui a augmenté ces dernières années. Bien que le taux d’endettement demeure en deçà de la moyenne des pays émergents, il met en lumière la fragilité financière des ménages face aux crises économiques répétées.
Pressions Financières et Risques Accrus pour les Familles Marocaines
Les familles à revenus moyens, gagnant entre 4 000 et 10 000 dirhams par mois, sont particulièrement touchées. Ces foyers sont de plus en plus contraints de recourir aux prêts pour subvenir à leurs besoins essentiels, tels que le logement, l’éducation et la santé, selon un rapport de Bank Al-Maghrib. L’endettement accru chez les salariés, qui représentent 67 % des emprunteurs, rend ces ménages encore plus vulnérables aux difficultés financières.
En réponse à cette situation, le gouvernement a inclus dans le projet de loi de finances de 2025 plusieurs initiatives visant à alléger le poids fiscal. Parmi elles, l’augmentation du seuil de revenu exempté d’impôt annuel, de 30 000 à 40 000 dirhams, devrait permettre aux ménages gagnant moins de 6 000 dirhams par mois d’être exemptés. Le projet prévoit également une réduction des taux d’imposition sur plusieurs tranches de revenu pour soutenir le pouvoir d’achat.
Des Mesures Jugées Insuffisantes pour un Changement Durable
Pour Mohamed Amine El Hassani, expert en économie appliquée, l’approche actuelle du gouvernement pourrait ne pas suffire. Selon lui, il est essentiel de réduire les taux d’intérêt des prêts, de manière à alléger les charges de remboursement. El Hassani propose également le développement de solutions de financement alternatives, comme le financement participatif ou les microcrédits, pour répondre aux besoins des foyers les plus modestes.
Il appelle également à une réforme fiscale qui serait plus équitable, afin de réduire l’écart entre les différentes classes sociales. Cela, selon lui, favoriserait une justice sociale, tout en minimisant le recours des ménages au crédit pour couvrir leurs dépenses courantes.
Conséquences Économiques de l’Endettement des Ménages
L’augmentation de l’endettement a des répercussions importantes sur l’économie nationale. Mohamed Yazidi Chafai, un autre expert économique, avertit que la hausse continue de l’endettement des familles pourrait engendrer une pression accrue sur la balance des paiements et limiter les capacités d’investissement personnel. Selon lui, cette situation est également alimentée par les hausses salariales dans le secteur privé, qui permettent aux ménages de supporter des niveaux de dette plus élevés.
Cependant, il précise que malgré l’augmentation des taux d’intérêt, les banques continuent de faciliter l’accès au crédit, rendant le recours aux emprunts plus fréquent. Yazidi Chafai insiste sur la nécessité d’encadrer les crédits à la consommation pour éviter un endettement excessif, qui pourrait nuire durablement aux familles.
En conclusion, alors que le gouvernement cherche des solutions pour soutenir le pouvoir d’achat et réduire l’endettement des ménages, il est essentiel que des stratégies de long terme soient mises en œuvre pour assurer une stabilité financière durable et protéger les foyers marocains des risques liés à la dette.