Contre toutes les attentes des investisseurs et des financiers, le Conseil de Bank Al Maghrib (BAM) a décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base (pbs) à 2,75%, donnant ainsi un signal positif sur la santé de l’économie nationale.
Cette décision, motivée par l’amélioration de la situation économique nationale, fait preuve du choix de la Banque centrale de stimuler l’économie au moment où des progrès très notables ont été enregistrés en matière notamment de retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.
“Prise à l’unanimité par les membres du Conseil de la Banque, cette décision est justifiée par plusieurs facteurs favorables, notamment le retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix”, a souligné M. Jouahri lors d’un point de presse tenu à l’issue de la deuxième réunion trimestrielle du Conseil de BAM pour l’année 2024.
De l’avis de l’économiste et spécialiste des politiques publiques, Abdelghani Youmni, la décision du Conseil de BAM est “judicieuse”, dans la mesure où le Wali de BAM reste fidèle à son approche macro prudentielle, axée sur le triple objectif de la maîtrise de l’inflation, la stabilité du dirham et le soutien à l’investissement privé.
“Cette baisse du taux directeur de 0,25 pbs s’inscrit dans un contexte international marqué par une légère décélération de l’inflation et une injection modérée de liquidités dans la zone euro et aux États-Unis”, rappelle M.Youmni, notant que les perspectives suggèrent que les ménages et les entreprises pourraient reprendre le chemin du crédit d’investissement, finançant ainsi la consommation, les acquisitions immobilières, les équipements ménagers et les crédits à la consommation.
Quant à l’impact de cette décision sur l’économie réelle, l’économiste a estimé qu’elle n’aura pas d’effet immédiat sur les taux des crédits bancaires, nécessitant entre 6 et 8 mois avant de se traduire sur le marché des taux bancaires, tant à court qu’à long terme.
De son côté, Omar Bakkou, économiste et spécialiste de politique de change, a expliqué que la banque centrale prend ses décisions notamment sur la base des projections à moyen terme du taux d’inflation et de croissance.
“Aujourd’hui on constate que la tendance au niveau mondial et national va dans le sens de la stabilité du taux d’inflation”, a fait remarquer M.Bakkou, notant que, sur la base de ces données, BAM a décidé d’adopter une politique monétaire dite non restrictive.
A travers la baisse de son taux directeur, BAM a choisi d’alléger le besoin sur le marché des crédits et d’envoyer un signal positif sur la santé de l’économie nationale.
“Ainsi, la banque centrale veut stimuler l’économie et renforcer l’activité économique à travers l’encouragement du crédit qui deviendra moins cher pour les entreprises et les consommateurs, ce qui peut stimuler davantage l’investissement et la consommation contribuant ainsi à soutenir la croissance”, a-t-il expliqué.
Réuni mardi, le Conseil de BAM a analysé l’évolution de la conjoncture nationale et internationale, ainsi que les projections macroéconomiques à moyen terme de la Banque.
Sa décision de réduire le taux directeur de 25 pbs tient compte des progrès très notables en matière de retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et de préservation de la reprise post-covid de l’activité économique, notamment à travers le resserrement calibré de la politique monétaire, le suivi régulier de la transmission de ses décisions, ainsi que les mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et certaines activités économiques.
Parallèlement, le Conseil continuera de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation tant au niveau national qu’international.
